43 ans d’expérience, 43 mensonges !
Je suis l’auteur du livre, « 41 mensonges équestres qui vous empêchent de progresser » que j’ai sorti en 2016.
Chaque année, je rajoute un gros mensonge que je découvre et que je n’ai pas mis dans mon livre.
L’année dernière, le gros mensonge c’était : les jambes servent à faire avancer les chevaux.
J’ai démontré dans une étude, le générateur de mouvement en avant, que les jambes ne servent à faire avancer que 20% des chevaux.
Il y a 80% des chevaux qui ne réagissent pas aux jambes.
Le fait que les chevaux réagissent aux jambes résulte d’un apprentissage.
Après ce 42ème mensonge, cette année, je vais vous révéler un 43ème mensonge.
C’est quoi ce 43ème mensonge ?
Eh bien, c’est que les chevaux apprennent par punitions / récompenses.
C’est le mensonge de cette année 2018.
Alors bien sûr qu’on peut apprendre aux chevaux par punitions / récompenses, mais on a plusieurs problèmes ;
Le premier problème, c’est que la punition casse la relation que l’on peut avoir avec les chevaux.
Dès que vous punissez un cheval, vous cassez toute la relation que vous avez construite avec lui, et vous faites des pas en arrière, beaucoup plus de pas en arrière que vous en faites en avant, en punissant.
La punition fait comprendre au cheval qu’il n’a pas bien fait. Et encore pas toujours.
Mais admettons qu’elle soit faite au bon moment, et qu’elle lui fasse comprendre qu’il n’a pas bien fait.
Le cheval va se dire : il me punit, il n’est pas sympa. Et vous allez casser la relation.
Et puis la récompense, c’est une fausse solution.
Pourquoi ?
Parce que quand vous récompensez, le cheval risque de travailler uniquement pour la récompense.
C’est à dire qu’il ne va pas travailler pour vous faire plaisir, parce qu’il est heureux de le faire.
Il va travailler pour avoir une récompense et vous allez devenir un distributeur à friandises.
Je l’ai fait. Ça permet d’aller vite, mais ce n’est pas la meilleure solution.
Ça fait déjà plus d’un an que je ne le fais plus. Que je ne donne plus de récompenses.
Je travaille par la motivation.
Qu’est-ce-que la motivation ?
Quand mon cheval va dans le sens que je veux, je manifeste bruyamment que je suis content. Je ne lui dis pas que c’est bien. Je lui dis que je suis content et que je suis heureux.
De cette manière, mes chevaux sont contents. Parce que si je suis content, ils sont contents.
Les chevaux sont notre miroir.
Comme je manifeste mon contentement, il m’arrive même de les entendre hennir. Mes chevaux hennissent parce qu’ils sont contents que je sois content.
Ils veulent me faire plaisir et on enclenche une spirale positive dans ces cas là qui est bien préférable à la récompense.
Donc vous voyez, la punition a l’inconvénient de casser la relation et il est très important d’avoir une bonne relation avec votre cheval, pour qu’il donne son maximum, mais surtout pour que vous soyez en sécurité avec lui.
C’est-à-dire que votre cheval ne va jamais aller contre vous. Il va toujours aller avec vous.
Vous n’aurez pas besoin d’avoir des aides toujours au contact de manière à le contrôler.
Le cheval va se contrôler tout seul. Il va se prendre en charge.
Le cheval va aimer vous faire plaisir et la relation sera totalement différente et vous n’aurez pas besoin de récompenses.
Simplement, manifestez bruyamment que vous êtes content de ce qu’il a fait.
Vous êtes content. Vous n’avez pas forcément besoin de le caresser.
Juste dire oui, je suis super content, c’est super ce que tu as fait, c’est génial, et votre cheval va hennir !
Les miens hennissent, ça marche, et il va renouveler l’expérience, parce que les chevaux adorent faire plaisir.
J’en ai parlé dans d’autres vidéos, c’est ce qu’on appelle dans la CNV (communication non violente) que je transpose à l’ENV (équitation non violente) le besoin que l’on a de faire plaisir aux autres, à ceux qu’on aime bien.
Et si votre cheval vous aime bien, il voudra vous faire plaisir.
Donc voilà la vidéo que je voulais vous faire aujourd’hui, très importante aussi, le 43ème mensonge, et j’espère en découvrir pleins d’autres.
Article en lien avec celui-ci :
Aaaah ! Enfin quelqu’un qui est dans la compréhension !
Cette positivité accompagnée d’une bonne visualisation de ce que l’on demande au cheval change toute la relation, et l’équitation par la même occasion. Et ça marche !!!
Merci Laurent d’avoir mis des mots sur ce que certaines personnes ressentent au plus profond d’elles-même mais qui se sentent un peu seules quant à la façon de pratiquer.
On continue souvent à se raccrocher aux méthodes dites « éthologiques » : confort/inconfort, en croyant que c’est une vérité équestre … Il faut se remettre en question une nouvelle fois pour percevoir qu’il y a beaucoup plus que cela.
Même si je suis d’accord sur le fait que les chevaux, en tant qu’animaux sociaux, réagissent favorablement à des interactions positives et apprécient les retours positifs en termes de félicitations et de langage corporel favorable, désolée, mais je ne peux pas laisser dire qu’utiliser les friandises ne fonctionne pas.
L’argument comme quoi un cheval récompensé ne travaillera plus que pour cela ne tient pas debout car:
1) Il n’est valable que dans l’hypothèse où l’humain ne sait pas ce qu’il fait, ce qui, je vous l’accorde, est majoritairement le cas. Il existe des règles et des techniques à appliquer pour utiliser les friandises dans de bonnes conditions… et surtout pour apprendre au cheval à s’en passer.
2) Il y a vraiment quelque chose de bizarre dans cette mentalité humaine qui tient à ce que les animaux travaillent pour nous « faire plaisir ». Personnellement, sans salaire, je ne travaillerais pas et j’imagine que vous non plus, même si mon patron était un brave type. Je ne dis pas bien entendu que c’est votre cas, mais je décèle derrière ce type d’attitude l’aspect bien macho/latin de certains Français, qui considèrent tout ce qui consiste à rendre les choses agréables aux autres comme une forme de faiblesse. Quelle tristesse!
Mon cheval, qui a du caractère, a appris un certain nombre de comportements au renforcement positif. Ces comportements sont extrêmement solides et ils ne sont quasi plus jamais récompensés par une friandise. Contrairement à ce qui se dit dans les cercles anti-récompense, il ne me considère pas comme un « distributeur automatique ». De fait, il peut somnoler béatement juste à côté de moi , même si je porte une pochette à friandises à la taille (précision: c’est un Fjord, race pour le moins connue pour son solide appétit).
Je ne suis pas pour l’utilisation unique des friandises comme le prônent certains extrémistes et j’accorde énormément d’importance à l’aspect relationnel.
Arrêtons donc d’édicter des règles consistant à valider certains modes de travail et à en diaboliser d’autres. Il faut de tout pour faire un monde et AUCUNE REGLE N’EST VALABLE POUR TOUT LE MONDE. La meilleure attitude possible, à mon avis, consiste à disposer d’une « boîte à outils » la plus complète possible, de façon à s’adapter à chaque individu.
Je suis globalement d’accord avec vous et je dis au début de ma vidéo que la punition récompense, ça fonctionne. J’explique juste que ce n’est pas indispensable comme le disent certains.
Votre salaire correspond a un de vos besoin ou vous permet de satisfaire vos autres besoins. C’est pour ça que vous travaillez.
Ce que je dis, c’est que si les besoins des chevaux sont satisfaits, ce qui est rarement le cas, ils seront heureux de nous faire plaisir.
C’est le principe de la pyramide de Maslow pour les humains.
Je suis totalement d’accord pour la boite à outils et la CNV en fait partie.
J’ai peut être un peu trop parlé de nourriture dans cette vidéo alors que je voulais parler de toutes les formes de récompenses, même les caresses et les cessions d’actions que je mets au même niveau que les friandises, qui sont peut-être efficaces mais qui faussent la relation pour la détourner de la satisfaction du besoin de faire plaisir.
Marshal Rosenberg l’explique très bien même si c’est assez déroutant au début car tellement loin de notre éducation. C’est ce qui selon lui est à l’origine de la violence dans le monde et cette violence nous la répercutons sans nous en rendre compte sur nos enfants, notre conjoint, nos amis et bien sûr nos chevaux.
Je vais être un peu dans l’exagération mais l’idée de ces précieux conseils n’est elle pas de dire qu’il existe plusieurs solutions pour motiver son cheval à collaborer avec son cavalier sans devoir le soumettre, le faire céder, le punir ou encore pire le briser.
J’aime beaucoup l’idée de boîte à outils et je me demandais, sans vouloir absolument faire rentrer tous les chevaux dans des cases, s’il a été observé que telle ou telle technique fonctionne mieux sur telle ou telle « personnalité » de chevaux.
Et oui, peut être à tord, je pense que les chevaux ont de la personnalité.
En fait, plus les chevaux sont difficiles et plus cette technique fonctionne. Il est quasi impossible de punir un cheval compliqué si ce n’est comme font certains cavaliers de l’équipe de France de dressage, les priver d’eau et/ou de nourriture.
Les chevaux dans le sang sont plus sensibles et donc la technique est très efficace sur eux.
C’est moins vrai sur un cheval qui supporte tout et qui sera plus difficile à motiver. Là, la friandise pourra être utile.
Il faut s’adapter à chaque cheval et ne pas se buter sur une technique qui ne fonctionne pas rapidement. Dans ce cas, il est plus efficace d’en essayer une autre.
Je suis persuadée que les chevaux ont de la personnalité. J’irais même plus loin, certains semblent avoir une forme de « sens de l’humour ».
Laurent, si vous y allez par là, « faire plaisir » est une récompense. Rien n’est fait par hasard. Tout comportement qui perdure a été « renforcé » d’une façon ou d’une autre. Or, l’un des aspects typiques de toute forme de renforçateur (ou de punition) est que son efficacité varie selon le tempérament du sujet mais aussi selon les jours, les circonstances, etc., etc. D’où l’importance de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
J’ai quand même très peur des gens qui disent qu’ils préfèrent l’envie de faire plaisir à la cessation d’action. Aïe aïe aïe (c’est le cas de le dire). Si on doit vraiment utiliser le renforcement négatif (suppression d’un stimulus désagréable quand l’élève obtempère => autrement dit la quasi totalité des aides), il faut ABSOLUMENT faire cesser la pression dès l’ébauche d’une bonne réponse. Sinon, on devient brutal.
Je maintiens de plus que le travail à la « récompense » (renforcement positif) fonctionne très bien. Dommage que le monde équestre ait autant de mal à changer :-).
Je ne sais pas ce que vous entendez par cheval « difficile ». J’imagine que cela veut dire « cheval qui ne fait pas ce que je veux » (ce qui d’ailleurs peut être dû à un mauvais enseignement – il n’a en fait pas compris), autrement dit, puisque vous utilisez avant tout la pression, « cheval qui ne cède pas à la pression ». Si tel est le cas, vous avez raison, la nourriture fonctionne bien.
Si en revanche le cheval dit « difficile » manque de motivation pour quelque autre raison que ce soit, la nourriture ne fera pas forcément mieux que le reste (en particulier si les codes sont mal établis, que le cheval a peur, qu’il ne comprend pas ce qu’on lui demande, qu’on lui fait faire un boulot qu’il déteste, etc.).
J’ai justement un cheval qui a de la personnalité et, croyez-moi, quand on l’enquiquine, nourriture ou pas, il ne vous le fait pas dire :-). Grâce à lui, j’ai appris beaucoup de choses et je l’en remercie tous les jours. 🙂
Ce que je voulais exprimer dans cette vidéo, c’est l’inefficacité de la dualité punition/récompense que l’on utilise constamment dans notre vie de tous les jours avec les notions du bien et du mal par exemple. Forcément, on le répercute sur notre équitation qu’on le veuille ou non.
Je constate que ce concept a du mal à être compris. Il faut donc que j’approfondisse plus mes connaissances afin de mieux m’exprimer sur ce sujet sensible qui est une des bases fondamentales de la CNV.
Je n’ai rien contre le renforcement négatif qui est la base de la légèreté à laquelle je tiens beaucoup.
Je n’ai pas dis non plus que le renforcement positif ne marchait pas. Simplement qu’il y a une méthode encore plus efficace.