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Aujourd’hui je vais vous raconter une histoire extraordinaire, exceptionnelle même. Une histoire vraie ; l’histoire des chevaux d’Elberfeld.

 

Les capacités mentales insoupçonnées de votre cheval, c’est le sujet que nous allons voir aujourd’hui.

 

Je vais vous raconter deux histoires incroyables qui sont en fait l’une à la suite de l’autre.

 

La première histoire, vous la connaissez peut-être, il s’agit de l’histoire de Hans le Malin, un cheval en Allemagne qui a été éduqué par un instituteur en retraite qui s’appelait Wilhelm von Osten à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème.

 

Cet homme pensait qu’il était possible d’apprendre aux chevaux la même chose que ce qu’on apprenait aux enfants de 14 ans au certificat d’étude c’est-à-dire lire, écrire, compter, faire de la musique, etc.

 

Il a donc entrepris de dresser un cheval. Le premier qu’il a dressé est mort et il a dû en dresser un deuxième qu’il a appelé Hans et avec lequel il a obtenu des résultats exceptionnels mais très controversés comme nous allons le voir.

 

Comment faisait t-il ?

 

Il a appris à son cheval à taper du pied pour s’exprimer et il lui apprenait l’alphabet en chiffres.

 

Par exemple pour dire 84, le cheval devait donner 84 coups de pied, ce qui était assez fatigant.

 

Il a été très vite considéré comme une bête de cirque. Il attirait les foules et c’est ce qui l’a énormément desservi.

 

C’est-à-dire que ses prestations étaient considérées comme du cirque et pas comme une recherche scientifique.

 

Deux commissions d’experts sont intervenues. La première n’a pas trouvé d’explications aux résultats obtenus par le cheval.

 

Quant à la deuxième, elle a conclu que le cheval réagissait au comportement de ses interrogateurs.

 

On sait que les chevaux sont très sensibles à notre comportement, même involontaire. C’est une des bases de l’équitation qui est notamment expliquée dans le livre de Klaus Ferdinand Hempfling, Danser avec les chevaux.

Il faut faire très attention à nos gestes, à nos expressions du visage parce que les chevaux les interprètent très facilement.

 

Ainsi le problème était réglé ; on avait déterminé sans aucune preuve que le cheval réagissait à notre comportement.

 

Ce n’est pas forcément faux, mais ce n’était pas suffisant. ça n’explique pas tout, loin de là.

 

Et puis le cheval avait fait l’objet d’un tel harcèlement, de tellement d’expériences, qu’il en est resté traumatisé à vie et à la fin il ne voulait plus répondre à aucune question. Il était complètement braqué.

 

Von Osten meurt dans l’isolement et la déconsidération en 1909 laissant un disciple en la personne de Karl Krall, un riche bijoutier Berlinois.

 

Et l’histoire que je vais vous raconter maintenant c’est justement l’histoire de Karl Krall.

 

Celle-ci est beaucoup moins connue. Elle ne figure pas sur Wikipédia en français. Il faut aller sur Wikipédia en allemand et seulement  sur une demi-page alors qu’il y a des centaines de témoignages sur cette histoire et la plupart sont en français.

 

Alors comment j’ai découvert cette histoire ? Eh bien, tout simplement en lisant le livre de Maria Franchini, « De l’intelligence des chevaux ».

Maria Franchini est la coauteure du livre « Sommes-nous cruels avec les chevaux ? » de Marthe Kiley- Worthington que vous connaissez certainement.

Mais ce livre « De l’intelligence des chevaux » est peut-être moins connu,

 

et ça a été une découverte pour moi, une découverte totale de cette histoire dont je n’avais jamais entendu parler.

 

J’avais entendu parler de l’histoire de von Osten, la première, mais de celle de Krall pas vraiment.

 

Alors Karl Krall, lui, a éduqué six chevaux en même temps ce qui est assez exceptionnel parce que comme il passait une heure et demie à deux heures par cheval, faites le calcul. Ça faisait entre neuf et douze heures par jour. C’était un énorme travail.

 

Et parmi ses chevaux, il y avait un cheval aveugle parce que Krall a voulu montrer que ce n’était pas en regardant son interrogateur que le cheval répondait.

 

Alors forcément, il y a des gens qui ont dit qu’ils traduisaient le souffle de l’interrogateur. Mais même si c’est vrai, ça donnerait aux chevaux des capacités absolument extraordinaires.

 

Karl Krall a repris les travaux de von Osten et il fut tout aussi persévérant que son maître mais plus indulgent et bienveillant envers ses chevaux et les progrès furent fulgurants.

 

Au lieu de faire taper les chevaux avec un seul pied il leur apprit les dizaines avec le pied gauche et les unités avec le pied droit ce qui était beaucoup moins fatigant pour les chevaux.

 

Par exemple pour dire 84, ils tapaient seulement 8 coups avec le pied gauche et quatre avec le pied droit.

 

Donc c’était beaucoup moins fatiguant que de taper 84 coups de pied.

 

Karl Krall défraie la chronique à la sortie de son livre en 1912, « Les chevaux pensants ». Il fait même l’objet de cinq pétitions contre lui.

 

Malheureusement, l’affaire était bien partie mais elle s’arrête avec le début de la première guerre mondiale et la réquisition des chevaux.

 

Parce que Krall voulait créer une école pour éduquer les chevaux et là on aurait eu vraiment des choses exceptionnelles puisqu’on aurait appris à éduquer les chevaux d’une façon très pointue.

 

Alors qu’avec la guerre, cette méthode a disparu corps et biens.

 

Beaucoup de méthodes équestres anciennes ont disparu avec la première guerre mondiale, comme le travail fractionné par exemple.

 

Mais celle-là est aussi très importante.

 

Maintenant je vais vous présenter quelques exploits que les chevaux de Karl Krall étaient capables de faire ;

 

On a plus de 100 témoignages écrits sur cette histoire, à charge et à décharge d’ailleurs. Les témoignages à charge étant faits par ceux qui n’ont pas jugé bon de se déplacer pour se rendre compte par eux même.

 

On trouve des écrivains, des journalistes, des scientifiques, et même un prix Nobel.

 

J’ai commencé à en lire, mais je n’ai pas encore pu tous les réunir et tous les lire, j’espère que je vais en trouver d’autres parce que chaque témoignage est assez extraordinaire. On apprend à chaque fois des choses supplémentaires sur cette histoire.

 

Par exemple, le professeur Besredka de Paris dit  « J’ai été émerveillé de la précision avec laquelle les chevaux de Monsieur Krall répondaient aux questions qu’un homme aurait mis beaucoup plus longtemps à résoudre« .

 

En plus les chevaux arrivaient à parler c’est-à-dire que son cheval Zarif, un jour qu’il avait mal répondu a dit « suis déjà fatigué« . Il a tapé les lettres du pied pour dire « suis déjà fatigué« . C’est assez exceptionnel.

 

Les chevaux étaient capables de calculs, ils étaient capables de reconnaître les couleurs, des objets, le nom des personnes.

 

Ils étaient capables de parler trois langues, l’Allemand, leur langue d’origine, le Français et l’Anglais.

 

Ils étaient même capables de communiquer entre eux ou avec leur éducateur.

 

Par exemple, ils pouvaient extraire des racines cubiques et des racines quatrièmes, par exemple racine de 36 par racine de 49

 

Ils répondaient du tac au tac.

 

Ou racine quatrième de 614 656. Ils étaient capables de répondre. La seule contrainte c’était que le résultat soit un nombre entier.

 

Et souvent les interrogateurs ne connaissaient pas le résultat !

 

Zarif, par exemple, reconnaît les visiteurs, épelle leur nom, signale leurs particularités physiques comme la moustache.

 

Un jour alors qu’on lui demandait le nom du vétérinaire, il répondit que son compagnon avait mal au pied et que le vétérinaire l’avait soigné, tout ça en tapant du pied les lettres de l’alphabet.

 

On dit que l’allemand est la langue des chevaux. En voilà une preuve.

 

Un jour qu’il a dit à son cheval Muhamed, qu’il allait lui donner des carottes, le cheval répondit « 5 ».

 

Ce qui m’a le plus impressionné dans cette histoire c’est la vitesse à laquelle les chevaux apprenaient parce que quelle que soit la façon dont ils apprennent, le résultat était là. Les chevaux donnaient des réponses, pas toujours bonnes mais assez souvent des bonnes réponses.

 

Ils s’intéressaient peu aux questions mais ils donnaient les réponses très rapidement ce qui me fait penser qu’ils utilisaient leur mémoire. 

 

Alors voyons comment ça se passait. Donc je vous ai dit 1h30 à 2h00 de leçon par jour et par cheval.

 

  • Tout d’abord, au bout de trois jours les chevaux reconnaissent les premiers nombres 1, 2, 3 par exemple.

 

  • Au bout de dix jours, ils pouvaient compter jusqu’à 4.

 

  • Les jours suivants, ils apprenaient les dizaines.

 

  • Au bout de treize jours, c’étaient les additions simples, 1 + 3, 2 + 5, et des soustractions comme 8 – 3.

 

  • Au bout de dix-sept jours, c’étaient les multiplications et les divisions,

 

  • en vingt jours on était déjà rendu aux fractions et aux additions de fractions.

 

  • En un mois c’était une première langue étrangère en l’occurrence le français.

 

  • En six mois c’étaient les racines carrées et cubiques, juste en six mois.

 

  • Après un peu plus d’un an commencent la lecture et l’apprentissage de l’alphabet. C’était un alphabet qui avait été transformé en chiffres pour que le cheval tape plus facilement les lettres de l’alphabet, il y avait un tableau à double entrée pour taper les chiffres.

L'alphabet utilisé par les chevaux d'Elberfeld

Par exemple la lettre « e », c’était un coup du pied gauche et un coup du pied droit.

 

La lettre « a » c’était deux coups du pied gauche et un coup du pied droit, et ainsi de suite. Il y avait un alphabet avec des termes allemands, notamment le « ch » ou le « sch », ou le « eu », le « ei », « au », etc. Il n’y avait pas que les lettres de l’alphabet et par exemple « sch » c’était trois coups du pied gauche et six coups du pied droit

 

Donc ça ne devait pas être très facile à déchiffrer pour les interrogateurs.

 

Et quelque temps plus tard, comme je vous l’ai dit, après un an les chevaux étaient capables de tenir une conversation.

 

Alors ce qui nous intéresse en fait dans tout ça, ce n’est pas ce que les chevaux arrivaient à faire, qui est exceptionnel, que l’on rejette ou qu’on accepte que les chevaux puissent réussir à donner des bonnes réponses, même si ce n’est pas à 100%, c’est tout simplement incroyable.

 

Mais ce qui peut nous intéresser c’est comment Krall a fait pour apprendre aussi vite ces choses-là à ses chevaux.

Puisque nous, quand on veut leur apprendre des choses, ça peut mettre parfois très longtemps.

 

Et là vous avez vu que ça ne met vraiment pas longtemps. Alors comment a-t-il fait ?

 

Eh bien, il s’était aperçu que Hans, le premier cheval, vous vous souvenez celui de von Osten, donnait de bien meilleurs résultats quand la personne qui le questionnait était aimable et enthousiaste.

 

Les visiteurs qui était suffisants et sévères repartaient bredouilles.

 

donc ça c’était déjà un critère. Il a donc décidé de leur parler longuement et tendrement.

 

Il recommençait, décomposait, paraphrasait.

 

Il a fait preuve d’une grande patience et de ce fait les progrès ont été rapides et stupéfiants.

 

Vous voyez, quand je vous dis tout le temps que l’équitation non-violente est bien plus puissante que l’équitation classique qui est pratiquée actuellement eh bien, en voilà une preuve.

 

Parler longuement, tendrement, décomposer, paraphraser, recommencer faire preuve de patience sont les clés de l’apprentissage rapide des chevaux.

 

Les chevaux ont-ils vraiment des aptitudes ? Question subsidiaire…

 

  • Déjà, on peut constater que les chevaux ont marqué des progrès successifs donc on peut penser quand même qu’ils ont amélioré leurs aptitudes au fur et à mesure de l’apprentissage.

 

  • L’irrégularité et l’incertitude des réponses dépendaient de l’humeur des chevaux. C’est-à-dire que quand ils étaient de bonne humeur ils donnaient des meilleures réponses que quand ils étaient de mauvaise humeur.

 

  • Certaines erreurs comme une addition au lieu d’une multiplication montrent qu’il ne s’agit pas d’une réponse transmise par le questionneur.

 

C’est-à-dire que vous posez une question 5 x 4 et le cheval vous donne la réponse de 5 + 4. Il a confondu le plus et le multiplié, mais il a quand même donné une bonne réponse.

 

  • Ensuite les chevaux épellent en phonétique, comme ils entendent.

 

il parlent en fait comme des petits enfants, « avoir carotte », « aller écurie »

 

Quand je dis qu’un cheval a l’intelligence d’un enfant de trois ans, on n’en est pas bien loin. Sauf qu’à un enfant de trois ans, on aura du mal à lui faire faire des racines quatrièmes.

 

  • Et puis surtout les réponses étaient inconnues du questionneur.

 

A partir de là, on peut tout imaginer.

 

En conclusion je voudrais dire déjà que les chevaux ont une grande mémoire et ça fait peur parce que ça veut dire que les mauvaises expériences vont certainement rester gravées à vie dans leur esprit puisqu’ils sont capables de se souvenir de choses absolument incroyables en mathématiques ou en langues étrangères ou apprendre une table alphabétique avec des abscisses et des ordonnées.

 

Donc pour pouvoir retenir des choses pareilles, il faut absolument avoir une mémoire prodigieuse.

 

On peut penser que les chevaux ont cette mémoire. C’est le premier enseignement.

 

Le deuxième enseignement bien sûr c’est qu’il est possible que les chevaux aient triché parfois en traduisant le comportement de leur interrogateur. On ne peut pas le leur reprocher, ils ont cette faculté à lire et même à sentir les comportements des personnes.

 

On a parlé de fluide, on a parlé d’énergie électrique, on a parlé de plein de choses qui pourraient justifier ces expériences-là. On n’a jamais rien pu démontrer mais il est clair que les chevaux sont capables de nous lire.

 

Mais ils ont quand même prouvé qu’ils avaient une capacité d’analyse et de synthèse.

Je suis Laurent Fumet auteur du livre « 41 mensonges équestres qui vous empêchent de progresser ». J’aide les cavaliers qui travaillent seuls à avoir un cheval heureux et motivé pour pratiquer une équitation sans contrainte grâce à la méthode des 3P (Physique, Psychique, Pratique) car je pense que rien n’est plus important que la compréhension du cheval.

Les capacités mentales insoupçonnées de votre cheval

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