Faut-il récompenser son cheval ?
Comme j’ai un discours un peu ambigu sur la récompense, je vais essayer de préciser les choses parce qu’il y a deux concepts qui semblent s’opposer.
Alors bien sûr que la récompense avec les chevaux est nécessaire.
C’est Xénophon, 400 ans avant Jésus-Christ, qui a dit que le cheval ferait tout ce qu’on voudra, mais qu’il s’attend à une récompense.
Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on sait que la récompense marche avec les chevaux.
Et puis la récompense, c’est en permanence. Parce que quand vous demandez un exercice et que vous relâchez votre demande parce que le cheval l’a exécutée, c’est déjà une récompense.
Ensuite, il y a la caresse bien sûr. Il y a le fait de donner une friandise.
Et puis surtout pour moi la meilleure récompense de toutes, c’est quand même de descendre de cheval. C’est ce qui fait le plus plaisir aux chevaux et avec le travail fractionné, on profite de ça.
Alors le discours ambigu, c’est de dire qu’en Communication non-violente, la récompense est assimilée à la punition. C’est-à-dire qu’on considère que la punition est néfaste, elle démotive, mais on considère aussi que la récompense est néfaste.
Il y a quelqu’un d’ailleurs qui me disait récemment qu’on allait au travail pour avoir la récompense d’un salaire mais que ça nous ne rendait pas heureux, et c’est exactement ça.
Est-ce qu’on peut transposer ça aux chevaux ?
C’est difficile. Mais ce que j’essaye de faire, c’est de faire en sorte que mes chevaux aient envie de me faire plaisir. C’est ça qui est important ; que les chevaux veuillent nous faire plaisir.
Alors par exemple, quand je veux que mes chevaux viennent travailler et que je n’ai pas envie d’aller les chercher au fond du pré, je vais sortir une récompense et ils vont arriver. Bon là, c’est vraiment la flemme de ne pas vouloir aller les chercher.
Ensuite, quand je vais vouloir aller en extérieur alors qu’ils sont très bien dans leur pré, je vais les faire brouter tout de suite sur le bord du fossé pour les encourager à sortir et manger de la bonne herbe qu’ils n’ont pas dans leur pré. C’est aussi une récompense.
Ensuite, progressivement, je vais sangler. Quand je vais avoir sanglé, je vais monter et ensuite je vais travailler pendant dix minutes.
Au bout de dix minutes, je vais descendre et je vais les faire brouter, encore une récompense.
Vous voyez que je donne beaucoup de récompenses finalement.
Ensuite, quand je vais rentrer à la maison, je vais par exemple demander à ma jument de faire une pirouette sur trois jambes pour approfondir cet apprentissage et je vais lui donner une récompense.
Après, je vais lui donner du foin parce ce qu’ils n’ont pas trop à manger dans le pré actuellement. C’est encore une récompense.
Je ne parle pas de toutes les récompenses, le fait de descendre toutes les dix minutes comme je fais et le fait de caresser. Ou plutôt, je ne caresse pas beaucoup. Par contre, j’encourage et félicite beaucoup de la voix.
Voilà un peu le tour de la récompense et pourquoi en Communication non-violente on n’aime pas la récompense car ça perturbe la relation.
Ce que l’on veut, c’est que les chevaux nous obéissent pour nous faire plaisir. C’est ça qui est important parce que c’est faire plaisir aux autres qui nous rend heureux.
Si nos chevaux ont le même sentiment, et je crois qu’ils l’ont, eh bien ils vont vouloir nous faire plaisir.
On le voit sur des gros parcours de saut d’obstacles où des chevaux se donnent à 120% pour faire plaisir à leur cavalier. Ou peut-être d’ailleurs à leur groom.
Les chevaux veulent faire plaisir. Ça leur fait plaisir de faire plaisir. Il faut profiter de ça. Et pour ça, je félicite énormément par la voix pour que mes chevaux comprennent que je suis content.
Ce n’est pas eux que je félicite. C’est moi qui saute de joie pour leur montrer que je suis content de ce qu’ils font.
Et comme ils voient que je suis content, ils ont envie de me faire plaisir pour que je sois tout le temps content.
J’en ai déjà parlé dans plusieurs vidéos mais c’est vraiment essentiel si vous voulez faire des progrès avec vos chevaux.
Il faut que vos chevaux soient contents de vous faire plaisir.
Et à ce moment-là, il n’y a plus de bagarre. Votre cheval ne va pas se battre contre vous. Pourquoi il se battrait ?
Alors bien sûr, de temps en temps les chevaux s’énervent. Ils sont comme nous. Ils n’ont pas toujours un mental linéaire. Il peut y avoir des moments où ils sont mous, des moments où ils sont chauds, et des moments où on les contrôle plus ou moins bien.
Mais vous voyez l’idée qu’il faut conserver ? C’est que votre cheval, dans les cas où ça va être compliqué, doit avoir envie de donner pour faire plaisir.
Et pour ça il faut, non pas le féliciter, mais montrer que vous êtes content de ce qu’il fait et ça l’encouragera.
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Super article merci ! ça donne à voir une réflexion un peu différente de d’habitude sur l’affrontement binaire du pour ou contre la friandise. Vous allez loin en disant que les chevaux veulent nous faire plaisir vous n’avez pas peur que les scientifiques vous tombent dessus :p Mais je suis d’accord un moment donné il faut faire confiance à nos sensations et moi j’ai bien vu que les séances où je prenais du plaisir ma jument en prenait aussi.
Alors que quand je travaillais avec la friandise avec pour idée de lui faire plaisir c’étaut assez artificiel.
j’en parle dans cet article et on m’est pas mal tombé dessus par les défenseurs absolus de « l’éducation positive ».
Je suis curieux d’avoir votre avis ! Merci de nous partager des réflexions poussées.
https://cavalierslibres.com/recompenser-son-cheval-avec-une-friandise/
Le fait que les chevaux veulent nous faire plaisir est la base de ma méthode d’Equitation Non-violente™ mais ce n’est pas pour tout le monde. Ça suppose de créer une relation de confiance avec son cheval et de sortir de l’équitation barbare généralement pratiquée.