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Le mouvement en avant je n’en parle pas souvent, mais comme la semaine dernière j’ai parlé de la tension je pense que c’est bien cette semaine de parler du mouvement en avant.

 

Alors autant vous dire tout de suite que le mouvement en avant c’est la chose que j’aime le moins dans l’équitation parce que je trouve que ce n’est pas forcément naturel pour le cheval et que ça entraîne des conséquences diverses et variées qu’on va voir.

 

J’ai donc essayé de trouver des façons de le faire, de rendre ça plus agréable.

 

Tout d’abord le mouvement en avant passe par le choix du cheval ;

 

C’est à dire que si comme moi, vous n’aimez pas pousser, prenez un cheval qui est dans le sang. Un cheval où il faut plutôt tirer que pousser, ça sera beaucoup moins fatigant pour vous d’avoir à tenir un cheval, même si il y a des inconvénients par ailleurs.

 

Moi qui suis un cavalier de saut d’obstacles à la base eh bien, le fait d’avoir un cheval qui amène sur les barres est toujours plus agréable qu’un cheval qu’il faut pousser.

 

J’admire beaucoup les cavaliers qui arrivent à faire des gros parcours avec des chevaux qui n’ont pas du tout de sang parce que je pense que j’en suis incapable.

 

En fait, il faut quand même se méfier parce qu’il y a des fois des chevaux qui à la maison dorment totalement mais quand ils sont en compétition ils se réveillent.

 

Ceux-là, même si on s’embête tous les jours à la maison, on sait que le jour où on va être en concours ils vont se réveiller et vont être en avant.

 

Et puis il y a l’inverse, c’est-à-dire les chevaux qui sont tout le temps nerveux mais quand ils arrivent en compétition ils perdent tous leurs moyens. Et ceux-là c’est très difficile de les exploiter en compétition, il faut vraiment avoir un mental aussi très fort pour compenser.

 

Ces chevaux-là, je vous les déconseille parce que quand vous essayez un cheval à l’extérieur sur un terrain de concours et que vous voyez que le cheval perd tous ses moyens ce n’est quand même pas très agréable.

 

Alors bien sûr il y a des méthodes pour aller progressivement, pour que le cheval prenne confiance mais souvent on se rend compte que ces chevaux là ont quand même tendance à baisser de niveau, à baisser de pied quand ils sont dans des compétitions et dès qu’on va arriver sur des compétitions difficiles, on va les sentir beaucoup moins à l’aise.

 

Donc c’est les chevaux que je vous déconseille.

 

Le choix du cheval est très important pour le mouvement en avant.

 

Ensuite il y a beaucoup de cavaliers qui ont résolu le problème du mouvement en avant par la nourriture.

 

C’est-à-dire que par exemple, dans les courses on leur donne de l’avoine. Ça met les chevaux en avant.

 

Le problème de l’avoine c’est que c’est décalcifiant donc sur des jeunes chevaux c’est assez catastrophique.

 

Je ne suis pas trop pour se servir de la nourriture pour mettre les chevaux en avant.

 

Mes chevaux ont de l’herbe, quelquefois un peu de foin l’hiver, mais cette année ils n’en ont quasiment pas eu parce qu’il n’y a pas eu d’hiver. Il a beaucoup plu mais il n’a pas fait très froid.

 

Je ne leur donne aucun complément. Je ne leur donne même plus de sel parce qu’ils ne le mangeaient pas donc ils ont les éléments naturels qu’ils trouvent dans mon terrain et c’est tout.

 

L’hiver bien sûr, il faudrait que je complémente pour avoir des chevaux qui soient au top, mais à partir du printemps j’ai des chevaux qui sont très en avant.

 

Et là je peux reprendre mon travail notamment le galop en arrière parce que ma jument est suffisamment en avant ce qui n’était pas vraiment le cas pendant l’hiver.

 

Donc il faut vraiment que je profite du printemps pour travailler, améliorer notamment mon galop en arrière ou mon galop sur trois jambes pour profiter de la période où elle est vraiment en avant toute seule.

 

Pour avoir des chevaux en avant, tout simplement je les travaille en extérieur parce qu’en extérieur ils ont beaucoup plus de motivation.

 

Même ma jument Selle Français qui n’a pas beaucoup de sang, quand elle est en extérieur elle se réveille notamment sur le chemin du retour et là je peux travailler correctement parce que j’ai vraiment des chevaux qui sont dans une grande impulsion.

 

Sans impulsion pas d’exercice correctement exécutés.

 

Alors les cavaliers de plat qui ne sautent pas, ne se rendent pas bien compte ce que c’est que d’avoir un cheval devant soi, d’avoir un cheval en avant.

 

Parce que avoir un cheval en avant c’est s’imaginer sauter un très gros obstacle en permanence c’est-à-dire chaque foulée vous vous dites : est-ce que je suis capable de sauter un très gros obstacle ?

 

Si la réponse est oui, vous vous dites si l’obstacle se présente à trois foulées je vais pouvoir le passer, il n’y a pas de problème.

 

Mais si la réponse est non, à ce moment là votre cheval n’est pas assez en impulsion.

 

Il n’est pas assez en avant, il n’est pas assez devant vous.

 

Ce raisonnement là, il n’y a que les cavaliers d’obstacle qui l’ont en fait.

 

Les cavaliers de plat qui ne sautent pas ont tendance à s’endormir, à croire que leur cheval est en avant mais si on leur met un obstacle devant à 3 foulées le cheval ne va pas y aller parce qu’il n’est pas suffisamment devant eux et on le constate beaucoup en dressage.

 

Le critère c’est de mettre des barres, et si vous n’aimez pas sauter mettez des barres par terre.

 

Si vous arrivez à passer une barre par terre tranquillement sur une bonne place sans que le cheval change sa cadence, sans qu’il accélère, sans qu’il ralentisse, sans qu’il se tortille dans tous les sens, vous pouvez vous dire que vous avez un cheval en avant.

 

Vous avez un cheval qui est bien, qui est sous contrôle.

 

Une barre par terre ce n’est pas méchant. N’importe qui peut passer une barre par terre.

 

Je vous conseille, même si vous faites du dressage, de passer des barres par terre c’est très important et tous les cavaliers d’obstacle aujourd’hui de haut niveau travaillent sur des barres par terre.

 

Pas des barres par terre à 3 mètres où à je ne sais quoi, non, des barres par terre espacées à 20 mètres par exemple de manière à ce que vos chevaux apprennent à sauter des barres par terre comme un parcours de saut d’obstacles.

 

Et ça c’est très bon aussi pour mettre le cheval dans le mouvement en avant. C’est très bon pour son moral également.

 

Donc si on récapitule, il vous faut un cheval déjà qui soit en avant c’est quand même plus facile.

 

Après vous pouvez jouer sur l’énergie que vous donnez dans l’alimentation, mais attention à ne pas donner du sucre qui est très nocif aussi bien pour les humains que pour les chevaux.

 

La plupart des aliments concentrés ont du glucose. Ils ont aussi des produits chimiques qui sont notamment destinés à ce que la nourriture ne moisisse pas. Si elle ne moisit pas les chevaux auront du mal à la digérer.

 

Donc les aliments industriels ne sont pas trop conseillés non plus.

 

Essayez de vous rapprocher d’une alimentation naturelle, mais encore une fois on ne va pas parler de ça aujourd’hui.

 

Ensuite, on a dit travailler en extérieur, parce que ça permet d’avoir l’impulsion naturelle.

 

Il n’y a rien de mieux que l’impulsion naturelle.

 

Quand vous avez besoin de pousser, ce n’est pas très bon.

 

Et ensuite, quand vous travaillez en carrière ou en manège mettez des barres par terre parce que c’est très efficace pour mettre les chevaux en avant.

 

Et puis si inversement vous avez un cheval qui tire trop, ce n’est pas le sujet de ma vidéo d’aujourd’hui mais c’est plutôt un sujet sur lequel il faudra que je revienne, c’est le fait de ne pas le laisser s’appuyer.

 

C’est-à-dire qu’un cheval qui tire, il faut le mettre parfois dans le vide pour qu’il n’ait pas d’appui parce que comme je disais dans ma précédente vidéo ; pour tirer il faut être deux.

 

Tension entraîne réaction de la part du cheval et donc plus vous allez tirer plus votre cheval va avancer donc ce n’est pas du tout comme ça que vous allez le ralentir.

 

J’avais fait une vidéo aussi sur comment contrôler son cheval au galop où j’ai expliqué à quel moment il fallait intervenir dans la foulée de galop pour contrôler son cheval. C’est une des vidéos qui a le plus de vues d’ailleurs des vidéos que j’ai faites.

 

Parce que c’est bien beau d’avoir un cheval en avant mais il faut pouvoir le garder sous contrôle.

 

Souvent un cheval en avant va chauffer. Les chevaux nerveux ont tendance à chauffer.

 

Ma pur sang a tendance à chauffer.

 

Je la contrôle assez bien parce qu’elle a la nuque un peu fragile au niveau des cervicales donc elle n’est pas trop difficile à contrôler.

 

Par contre, elle a tendance à se traverser donc il faut vraiment que je reste bien concentré pour chaque fois qu’elle se traverse la ramener tranquillement sur le droit.

 

Et puis quand je n’y arrive pas, je la mets en épaule en dedans.

 

Je lui dis, si tu veux te traverser, travaille en épaule en dedans. Quand tu en auras marre de travailler en épaule en dedans, tu te remettras droite.

 

Et c’est comme ça aussi qu’on travaille les chevaux ; c’est-à-dire qu’à des moments quand ils se servent de quelque chose pour faire une défense dans le travail, eh bien accentuez la défense.

 

Par exemple un cheval qui recule au lieu d’avancer, accentuez le reculer. A condition qu’il n’y ait pas un ravin derrière vous, faites attention.

 

Mais autrement accentuez le reculer car à un moment donné il va en avoir marre parce que reculer c’est fatigant. Tout comme faire de l’épaule en dedans c’est fatiguant.

 

A un moment donné votre cheval va se dire ; bah non finalement, l’épaule en dedans ça ne me plaît pas trop. Il va chercher autre chose et il va se remettre droit et vous allez pouvoir profiter de ce moment où il va être droit pour le remettre dans le travail.

 

Tout ça c’est de la patience, ce qu’on appelle le tact équestre ; savoir quoi demander à quel moment. Mais vous pouvez sur un cheval que vous avez du mal à avoir comme vous voulez, accentuer son défaut.

 

Le prendre à revers en fait. C’est-à-dire que votre cheval se traverse pour vous échapper, eh bien, vous partez en épaule en dedans traversé. Comme ça votre cheval comprendra que ce n’est pas de cette façon qu’il peut échapper puisque au contraire il « re-rentre » de cette façon là dans le travail.

 

Bon je me suis un peu écarté, j’ai un peu élargi dans cette vidéo. Je ne suis pas complètement resté sur le mouvement en avant mais beaucoup de gens ont peur du mouvement en avant parce qu’ils ont peur ne pas pouvoir le contrôler notamment en extérieur.

 

Et surtout ne contrôlez pas le mouvement en avant par des mors durs, une muserolle serrée ou un noseband ou des enrênements, parce que ça ce sont des faux-amis.

 

Ce sont des accessoires qui sont totalement inutiles.

 

Quand vous vous en passez, vous vous rendez compte à quel point c’est inutile.

 

Parce qu’en fait là encore, action entraîne réaction. C’est-à-dire plus vous allez mettre de mors durs et plus votre cheval va tenter d’y échapper et donc c’est une spirale infernale et vous allez dans le mur en travaillant comme ça.

 

Il vaut mieux faire l’inverse ; laisser le cheval libre, voir ce que ça donne. connaître la rêne d’arrêt d’urgence, pouvoir le mettre sur une volte…

 

Il ne faut pas faire n’importe quoi. Il faut y aller progressivement. Il ne faut pas prendre ce que je dis au pied de la lettre ; à partir du moment où vous ne contrôlez pas votre cheval, il faut commencer par le commencement, c’est-à-dire le contrôle.

 

Mais ensuite il faut sortir de votre zone de confort et aller toujours vers quelque chose que vous maîtrisez moins facilement et voir ce que ça donne. Mais y aller progressivement, petits pas par petits pas.

 

Ainsi si vous contrôlez votre cheval en extérieur, vous pourrez ensuite à la maison mettre des obstacles.

 

Mais tant que vous ne le contrôlez pas en extérieur, ce n’est pas la peine de sauter à la maison parce qu’il est possible que vous vous fassiez embarquer.

 

Commencez à la maison sur des barres par terre, là vous ne risquez pas grand-chose.

 

Et puis ensuite vous mettez des croisillons. Les croisillons c’est d’ailleurs plus facile que les barres par terre.

 

Ensuite vous montez les obstacles progressivement tant que vous gardez le contrôle de votre cheval.

 

Si vous arrivez à bien garder le contrôle de votre cheval vous pouvez aller en extérieur.

 

J’ai eu des chevaux qui étaient totalement incontrôlables. La meilleure jument que j’ai jamais eu d’ailleurs était dans ce cas.

 

Eh bien, je marchais au pas dans les descentes et puis je galopais dans les montées parce que dans les montées comme il fallait qu’elle force je la contrôlais beaucoup plus facilement et chaque fois qu’elle me prenait la main j’essayais de trouver une montée, un terrain varié, qui fasse que je la récupère facilement sans me battre. Et c’est comme ça que j’arrivais à la gérer.

 

Un autre exercice que je fais pour gérer les chevaux chauds, c’est deux chandeliers espacés, peu importe en fait, d’une dizaine de mètres ou d’une vingtaine de mètres et vous faites un huit de chiffre autour des chandeliers.

 

Quand vous tournez autour ça vous permet de récupérer votre cheval et quand vous êtes dans la diagonale votre cheval va recommencer à vous échapper mais comme il arrive tout de suite sur une autre volte vous allez pouvoir le récupérer et tourner à main gauche par exemple.

 

Il arrive dans la diagonale, donc il va vous reprendre la main puis vous tournez à main droite, vous le reprenez et ainsi progressivement vous reprenez le contrôle de votre cheval.

 

Il y a tout un tas d’exercices que vous pouvez faire pour prendre le contrôle de votre cheval mais surtout ne le faites pas avec des mors durs, avec des muserolles serrées, avec des enrênements, avec des gourmettes, parce que ça n’est pas une solution.

 

Il faut que vous puissiez contrôler votre cheval avec deux doigts et même sans les mains à la limite.

 

C’est possible, mais à condition de ne pas rentrer dans le cycle infernal de : tu tires, je tire et plus tu vas tirer, plus je vais tirer. Parce que il n’y a pas de solution à ça. C’est un conflit permanent.

 

Voilà, j’ai bien bavardé dans cette vidéo.

 

Pour aller plus loin, vous avez Le Générateur de Mouvement en Avant.

 

Je suis Laurent Fumet auteur du livre « 41 mensonges équestres qui vous empêchent de progresser ». J’aide les cavaliers qui travaillent seuls à avoir un cheval heureux et motivé pour pratiquer une équitation sans contrainte grâce à la méthode des 3P (Physique, Psychique, Pratique) car je pense que rien n’est plus important que la compréhension du cheval.

 

 

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