Aujourd’hui, nous allons étudier la tenue des rênes façon Jean d’Orgeix.
Qui était Jean d’Orgeix ?
Jean d’Orgeix est né en 1921 et est mort d’un accident de voiture en 2006.
C’était un très grand cavalier d’après guerre, qui était médaillé de bronze aux jeux olympiques de Londres en 1948, qui a été champion olympique à Montréal 1976 avec l’équipe de France en tant qu’entraîneur et qui a été un très grand chercheur, qui a écrit beaucoup de livres, qui a fait beaucoup de DVD, qui a été le premier à mettre ses connaissances en vidéo. donc quelqu’un de très intéressant à étudier.
Alors quel est l’objectif que recherchait Jean d’Orgeix dans la tenue des rênes ?
Tout d’abord il cherchait la précision, il cherchait la souplesse, il cherchait la douceur, il cherchait la légèreté, il voulait pouvoir faire des actions très brèves, il recherchait la fixité des mains hors changement de position.
Alors comment Jean d’Orgeix voulait qu’on tienne les rênes ?
En fait, au lieu de tenir les rênes de cette façon là, comme on les tient traditionnellement, Jean d’Orgeix les tient dans le creux de la main, ici, et donc il ferme, et pour avoir une fixité, il tourne le poignet.
On va le faire à l’envers évidemment, puisque je suis à pied.
Ma rêne dans le creux, ici, et je fais ça pour tenir. Ça suffit pour tenir la rêne pour que la rêne soit coincée dans la main. Ça c’est le premier point.
Le deuxième point, c’est avoir des doigts ouverts, très important, de manière à pouvoir faire des actions très fortes avec les doigts.
Donc quand la rêne est tendue, je peux faire des actions très fortes avec le doigt, comme un pianiste qui appuie sur les touches de son piano.
Je choisis le doigt que je veux utiliser et je fais une action indirecte, sur la bouche de mon cheval. Au lieu d’avoir une action directe en tirant ce qui évidemment, quand on connaît un peu l’équitation, on sait que tirer c’est surtout ce qu’il ne faut pas faire.
J’ai une action indirecte avec le doigt, c’est-à-dire qu’entre la bouche de ma jument et ma main, je peux faire une action très forte, jusqu’à 12 cm d’après d’Orgeix, avec le doigt.
J’ai ma main, et mon doigt qui va faire une action, qui peut aller très très loin, donc je peux avoir une très grande action sans bouger la main.
Alors que si j’ai la main traditionnelle c’est-à-dire comme ça, je ne vais avoir que trois centimètres d’action, trois, quatre cm d’action maximum.
Là, dans cette attitude, j’ai une action jusqu’à 12 cm, donc je peux avoir une très grande action de main, sans bouger les mains. Donc ça, c’est le premier intérêt.
L’intérêt d’avoir des actions indirectes, c’est le moelleux et surtout la possibilité de relâcher immédiatement, ce qui est le plus important.
J’ai obtenu, je relâche.
Puisqu’en fait on sait très bien que le cheval apprend dans le relâchement et pas dans la demande.
L’intérêt de ça c’est que, avec des doigts, lorsqu’on fait une action, on peut relâcher très facilement, immédiatement.
Contrairement à une main classique qui est fermée avec laquelle on est obligé d’avancer la main ou d’ouvrir les doigts et ça prend beaucoup de temps.
Là, on a la main comme ça, on fait ça et on peut relâcher immédiatement, et ça c’est très intéressant.
D’autant plus que quand on a des mains qui accompagnent l’action des chevaux, c’est la méthode de Patrice Franchet d’Espèrey, c’est-à-dire accompagner et amplifier le mouvement des chevaux avec les mains, eh bien, on peut le faire très facilement avec cette tenue de rênes parce qu’on a une amplitude très forte dans les actions et on a aussi un relâchement très rapide lors de l’obéissance du cheval.
D’Orgeix disait qu’ on doit tenir le « fouet » des rênes dans les mains.
On a les deux rênes, et il y a une des deux mains qui doit tenir le fouet des rênes.
Ainsi ça permet de raccourcir les rênes très facilement.
J’ai mes mains en position, la tête de mon cheval se déplace.
Je veux suivre la position de la tête, j’ai donc besoin, par exemple de raccourcir mes rênes.
Je vais relâcher ma rêne et aller la poser plus loin.
Ensuite, je vais prendre la rêne avec le pouce et l’index et je peux relâcher l’autre main, pour aller chercher ma rêne plus loin.
Lorsque je suis dans le changement de position de mes mains, je ne dois pas tendre les rênes par rapport à la bouche de mon cheval, je ne peux mettre un contact que quand mes mains sont en place par rapport à la bouche de mon cheval, et les mains ne bougent pas.
Ce que d’Orgeix recommande, c’est la fixité des mains dans leur position, et si on doit changer de position des mains, on le fait rênes longues.
L’intérêt de tenir le « fouet » des rênes, c’est que l’on peut très facilement changer de position.
Si le changement de position est très court, on peut le faire directement en faisant glisser la main. C’est très facile à faire.
Après c’est une question d’habitude. C’est vrai que sur un parcours de saut d’obstacles d’un mètre trente, j’aurais du mal à tenir cette position de rênes parce que je ne suis pas habitué.
Mais je pense que c’est une question d’habitude, et que si on est bien habitué, on doit pouvoir contrôler son cheval beaucoup mieux, avec des mains beaucoup plus près du corps, plutôt qu’avoir des mains en avant.
Parce que les mains en avant, ça veut dire que vous travaillez avec vos biceps, et que vous ne travaillez pas dans la décontraction.
Vous travaillez forcément en force.
Avoir un cheval avec les mains très en avant, comme j’ai toujours monté d’ailleurs en compétition, eh bien finalement c’est un handicap.
Si on veut avoir une action de main correcte, il faut avoir des mains plus près du corps.
En dressage, d’ailleurs, on a les mains très près du corps.
Voilà ce que je voulais vous dire sur la position des mains d’Orgeix.
Jean d’Orgeix a écrit un livre sur ce sujet, qui s’appelle « Les mains et autres non-dits de l’équitation », c’est l’avant-dernier livre qu’il a écrit et qui a été publié après sa mort.
Je vous invite à lire ce livre.