Si le bauchérisme est l’antibiotique de l’équitation et l’épaule en dedans l’aspirine alors je qualifierais l’approche-retrait de baguette magique.
L’approche-retrait, c’est selon moi la notion la plus importante de l’équitation en ce qui concerne la relation avec les chevaux.
Bien sûr, en dehors de l’équitation éthologique et un peu de l’équitation de tradition française, elle n’est pas enseignée. Vous vous en doutez bien.
Pourtant, la plupart des mauvaises expériences que nous vivons avec nos chevaux ont pour origine un non-respect de ce concept.
Nos peurs, nos échecs et une grande partie de nos accidents proviennent de ça.
On peut même rajouter que c’est une des causes d’abandon de l’équitation par les adultes.
Là, je vais faire un aparté qui me semble essentiel.
Les neurosciences ont démontré que les expériences négatives vont systématiquement dans la mémoire dite implicite, c’est-à-dire à très long terme.
Alors que les expériences positives elles, vont dans la mémoire explicite c’est-à-dire la mémoire tampon.
D’ailleurs, on peut penser que pour les chevaux, qui comme chacun sait ont une grande mémoire, c’est la même chose.
Vous voyez donc le danger des expériences négatives.
Ne faut-il pas tout faire pour les éviter ?
Nous avons besoin paraît-il de cinq expériences positives pour compenser une seule expérience négative.
Savez-vous par exemple comment s’entraînent les jeunes tennismen russes au célèbre (et miteux) centre d’entrainement de Spartak près de Moscou ?
Et bien ils passent des heures à imiter les grands champions avec une balle et une raquette imaginaire.
Pourquoi ? Pour éviter à tout prix les expériences négatives.
Ainsi dans leur tête, ils n’ont que des coups réussis.
En équitation on fait l’inverse. On fait monter les gens sans préparation et advienne que pourra.
Avec l’approche-retrait, tout devient plus facile, naturel et quasiment sans danger.
Mais l’approche-retrait a de multiples facettes.
Tout d’abord, il faut bien comprendre que les chevaux détestent sortir de leur zone de confort. Ce sont des animaux d’habitude.
Je pense que vous l’avez remarqué ; ils ne brillent généralement pas par leur courage à affronter des situations inconnues.
On le voit bien quand on veut leur faire faire des choses pour la première fois ; les monter dans le van ou les amener dans un nouvel endroit par exemple.
Pourtant nous humains, ne sommes généralement guère mieux. Qui se ressemblent s’assemblent.
Nous avons comme les chevaux des comportements excessifs.
De deux choses l’une :
- ou nous nous jetons à l’eau d’un seul coup
- ou nous restons dans notre confort
Dans les deux cas c’est de l’évitement.
Tout le problème vient que nous avons tenté de sauter du plongeoir de 6 m alors que nous n’avions quasiment jamais plongé auparavant et que nous savons à peine nager.
Tout cela parce que les autres le font et que nous copions toujours les autres.
C’est notre façon naturelle de fonctionner qui peut être très efficace si l’on étudie à fond cette technique mais qui a également des effets pervers redoutables notamment en équitation.
De ce fait, beaucoup d’entre nous allons nous contenter de « perfectionner les choses simples ». Façon élégante de ne plus sortir de notre zone de confort.
D’autres vont simplement abandonner l’équitation qui leur paraîtra trop compliquée.
Comment pourrait-il en être autrement puisque nous ne sommes pas formés ?
D’autres encore vont prendre des risques inconsidérés jusqu’à l’accident.
Le problème c’est que l’on veut copier ceux qui réussissent sans respecter les étapes qui permettent d’y arriver.
L’approche-retrait est une technique de l’équitation éthologique mais elle existe également dans l’équitation de tradition française ;
- « demander souvent, se contenter de peu, récompenser beaucoup » François Baucher.
- « se contenter d’un petit progrès chaque jour, l’exiger, mais pas plus » Général l’Hotte.
C’est le moyen de dialogue que les chevaux comprennent le mieux, celui qui les motive le plus, qui les rassure et les calme.
Ils adorent ça.
Si je ne devais garder qu’une chose dans ma pratique de l’équitation, ce serait celle-là tellement elle est puissante et permet de créer une relation solide avec ses chevaux.
En fait tous nos problèmes viennent que nous n’y sommes pas allé pas à pas, que nous n’avons pas assez décomposé nos exercices, que nous sommes sortis trop loin de notre zone de confort.
Cette technique s’applique à tous les stades de l’éducation des chevaux :
- en liberté ; avancer puis reculer
- pour l’attraper ; Attrapez votre cheval puis relâchez le
- pour le toucher ; touchez puis relâchez
- dans le box ; approcher, reculer
- en main ; avancer, reculer
- pour aborder les chevaux dangereux
- pour les exposer à un risque, au bruit, odeurs, objets (parapluie, poubelle, sac plastique, obstacles, etc)
- monter dans le van ; monter un pied et reculer, etc.
- en longe
- au montoir …
En fait ça s’applique à tout.
Dans le travail sur le plat :
- les aides, « prendre et rendre » pour les mains. Idem pour les jambes
- changements d’attitude
- fractionnement du travail
- travail sur les cercles
- alterner droit et incurvé
Dans le travail à l’obstacle. Par exemple, baisser les barres pour un dernier passage facile après avoir demandé des efforts.
Beaucoup de cavaliers de saut d’obstacles le font. Je ne comprenais pas bien pourquoi c’était à ce point important car personne ne me l’avait expliqué clairement comme tous les concepts essentiels de l’équitation d’ailleurs.
dans les techniques :
- le renforcement négatif, c’est de l’approche-retrait
- réprobation approbation
- céder avant que le cheval ne cède
Maintenant faisons un exercice :
Recherchez quelque chose que vous n’arrivez pas à faire avec votre cheval :
- soit parce que vous êtes bloqué psychologiquement
- soit parce que c’est votre cheval qui est bloqué
Décomposez l’exercice que vous voulez réussir en toutes petites étapes presque insignifiantes pour vous et pour votre cheval.
Dès que vous avez réussi la première petite étape, revenez immédiatement en arrière.
N’écoutez pas ceux qui vous poussent à aller plus loin tout de suite sous prétexte que ça se passe bien. Vous le payerez plus tard.
D’ailleurs, faites de préférence cet exercice seul à votre rythme et dans le calme. Sauf bien sûr si la présence d’une autre personne vous rassure.
Personnellement, je suis tellement plus détendu lorsque je travaille seul. Je n’ai aucune pression. Je m’autorise à faire des erreurs. Je prends mon temps.
Ensuite, faites une étape un peu plus grande, mais toujours en revenant en arrière.
Pour illustrer mes propos, je vais prendre un exemple d’un cas concret qui m’a été soumis par une de mes lectrices.
La peur de pratiquer l’équitation, peur très fréquente chez les adultes qui ont vécu de mauvaises expériences.
Dans ce cas, la méthode est simple :
- montez à l’arrêt quelques secondes, respirez, puis descendez
- respirez, soufflez, reprenez vos esprits puis remontez
- si ça se passe bien marchez au pas quelques mètres. Sinon redescendez.
Surtout ne brûlez pas les étapes, c’est tellement tentant.
Allez-y à votre rythme.
- ensuite, faite un tour complet au pas puis arrêtez-vous et redescendez.
C’est très important également pour votre cheval. Descendre n’est pas un déshonneur.
Cela fait partie de l’exercice. D’ailleurs monter et descendre, c’est de l’approche-retrait.
Il faut énormément descendre et remonter quand on veut éduquer un cheval et/ou un cavalier. C’est la base de ma méthode.
Ce n’est pas parce que personne ne le fait que vous ne devez pas essayer.
Ceux qui sont adeptes de mon travail fractionné en comprennent maintenant tous les bienfaits.
Ici, je vous rappelle l’importance du marchepied et/ou d’apprendre à monter des deux côtés du cheval. C’est essentiel.
Cette méthode éduque à la fois les chevaux et les cavaliers par la répétition à réaliser un exercice, le montoir, qui n’est pas des plus facile et que beaucoup occultent en montant de façon plus ou moins acrobatique.
De plus, monter et descendre nous fait faire du sport.
- une fois que vous êtes à l’aise au pas, essayez quelques foulées de trot puis un tour complet. Toujours un seul tour puis repassez au pas. Si ça ne va pas redescendez et reprenez vos esprits.
Cette méthode vous paraîtra peut-être fastidieuse mais malgré tout ce qu’on pourra vous dire, c’est la seule qui vous donnera des résultats solides et durables.
Bien sûr, la vitesse de progression dépend de votre propre évolution mais surtout ne brûlez pas les étapes.
Je vais prendre maintenant un exemple personnel.
La semaine dernière ma jument de trait qui commence à sortir en extérieur ne voulait pas passer sur un petit pont au dessus d’une rivière.
Il s’agit d’un exercice difficile lors des premières sorties.
1. je l’ai donc immobilisé. C’est-à-dire que je l’ai empêché de faire demi-tour et je l’ai obligé à regarder le pont et l’eau qui coulait dessous.
2. j’ai déplacé ses épaules de côté pour essayer de la faire avancer mais sans résultat. Je rappelle que je n’utilise pas de cravache donc je n’avais aucun moyen de la faire avancer.
3. je suis donc descendu (sacrilège) et nous avons avancé d’un mètre seulement puis j’ai attendu quelques instants avant de remonter.
4. je suis remonté et elle a accepté d’avancer sur le pont progressivement. Le simple fait de la rapprocher d’un mètre et de lui montrer à pied que je ne craignais pas ce pont a suffi à lui donner confiance et à la faire passer.
Bien sûr avec un cheval plus dans le sang, ça n’aurait surement pas été aussi facile à faire, notamment le fait de remonter, mais le principe reste le même ; dédramatiser la situation, ne pas se battre, ne pas être violent sont les bases d’une relation de confiance. Faire appel à la réflexion du cheval plutôt qu’à ses réflexes.
L’évitement amène un besoin de sécurité. Après la sécurité vient la recherche de l’encouragement. Puis ensuite seulement vient la connexion.
Ce sont des principes de base des neurosciences mais qui s’appliquent exactement aux chevaux.
Tout ce que j’ai fait était de l’empêcher de faire demi-tour mais je lui ai laissé le temps de regarder.
Temps total de réalisation du passage : moins de 5 mn
Pas de quoi fouetter un chat et tout s’est passé dans le calme et la confiance.
Lorsque nous avons rencontré un deuxième pont au retour elle l’a franchi quasiment sans faire de cas.
Et vous ? Racontez-moi une histoire où vous avez réussi ou échoué dans un exercice en prenant votre temps ou en allant trop vite.
Ça me permettra d’affiner ma méthode. Je progresse grâce à vous.
Autres articles en lien avec celui-ci :
http://reflexionsequestres.unblog.fr/2013/10/06/apprendre-a-apprendre/
http://reflexionsequestres.unblog.fr/2014/03/16/lapprentissage/
Bonsoir, Votre passage délicat sur le pont me rappelle un échec que j’ai eu avec ma jument
Nous étions en promenade avec 2 autres chevaux et il y avait une petite rivière à franchir.
Les 2 chevaux ont traversé mais pas la mienne .j’ai pourtant fait comme vous puis je suis descendue pour la faire traverser, rien! Pas un seul pas, complètement figée. Elle avait pourtant déjà franchi un cours d’eau mais c’etait à côté de la maison. Les 2chevaux ont traversé à nouveau pour lui montrer le chemin rien n’y a fait. Nous avons essayé pendant une bonne dizaine de minutes puis nous avons fait demi tour.depuis je n’ai pas rencontré de rivière pour retenter l’expérience. On dit qu’il ne faut jamais ceder. Qu’en pensez vous.
Bonne soirée
Je pense que céder ou pas n’est pas le problème. Ce qu’il faut c’est pouvoir y passer du temps. Le moment ou on le fait n’a pas beaucoup d’importance. J’aime bien d’ailleurs abandonner quelques instants pour calmer le cheval et qu’il recommence à réfléchir. Franchir l’eau est une des choses les plus difficiles. Voyez comment Roselyne a fait. Je partage totalement sa méthode.
Bonjour, Mon cheval à l’age de 3 ans quand je l’ai acheté avait peur de l’eau et la personne qui l’a débourré m’a dit tu vas te battre quand il y a de l’eau .J’ai mis des bottes , je l’ai pris en licol et j’ai été patauger avec lui dans les flaques d’eau : je n’ai jamais eu à me battre pour quoi que ce soit résultat mon cheval n’a jamais eu aucune défenses envers moi par contre dès qu’il voit de l’eau il gratte et m’éclabousse comme un enfant qui patauge dans une flaque!!! J’ai toujours laissé doucement mon cheval s’approcher de ce qui paraissait lui faire peur en lui disant va voir et en caressant dès qu’il s’était rapproché : Mon cheval n’a peur de rien sauf des humains dont il a appris progressivement à se méfier comme moi d’ailleurs.Je suis en total accord avec votre article.
Merci. Votre méthode est la bonne. Il faut décomposer et y passer le temps nécessaire.
Bonjour, j’ai toujours travaillé mes chevaux de cette façon, à cheval quand ils acceptent la difficulté, à pied quand ils la refusent.
La limite à trouver est le moment où ils acceptent de la passer sans avoir à descendre à chaque nouvelle difficulté… sinon vous finissez par descendre à chaque fois et là votre cheval est très heureux d’avoir pris le pas sur vous… c’est une preuve d’intelligence !
Votre article est totalement vrai dans ses exemples et sa technique.
Merci. Effectivement, il faut être capable de se passer de descendre.
Votre histoire de passage sur le pont, je peux vous précisez qu’avec un cheval de sang (je suis entraineur de galopeurs) et exactement le même procédé qu’avec votre jument. La seul différence est que cela peut durer un peu plus longtemps. La solution avec un anglo ou un pur-sang est de le laisser immobile devant sa peur (ici un pont), de lui demander par intermittence, en laissant bien quelques minutes entre chaque demande, d’avancer. Ne jamais les punir même si il recule et surtout, surtout, tous mouvements ou signe de volonté d’aller vers la peur doit être félicité de la voix ou d’une caresse (une vrai caresse, pas un claquement de la main sur l’encolure). Et si, une fois à terre, il est difficile de remonter dessus, c’est pas grave, faire l’exercice à pied et la prochaine fois à cheval.
Merci pour votre expérience. Je pensais les entraîneurs de galopeurs plus brutaux.
Je sors souven en forêt. Les occasions d’avoir peur y sont nombreuses pour mon cheval de 8 ans pourtant habitué à ces sorties : sangliers qui débouchent devant nous, groupes de cyclistes de toute les couleurs , et le pire, ce que nous avons vu hier : 2 motards en tenue bariolées descendant à vive allure et en pétaradant l’étroit sentier que nous étions entrain de remonter… Ils se sont arrêtés juste devant nous et n’ont pas éteint leur moteur. Il m’a fallu un calme olympien et une bonne dose d’anticipation pour éviter le pire : demi-tour et fuite éperdue. Je pense qu’il faut absolument garder le cheval droit, face au danger (supposé par lui) et lui laisser le temps de regarder et d’hésiter avant d’essayer d’avancer pas à pas en calmant beaucoup (voie et caresses). C’est ce que j’ai fait et il a réussi à passer à côté des motos.. mais le vrai calme n’est revenu que 10 bonnes minutes après.
Ce sont des expériences dont il faut tirer parti pour avoir un cheval sûr de lui.
Je vous félicite pour votre état d’esprit qui a été de vous remettre en cause puis d’être en quête et de ne pas prétendre détenir la vérité comme souvent les professionnels dans le monde du cheval. Je vous soumets une situation que j’ai vécue dimanche en revenant de concours.Ma jument qui monte ,descend et voyage en principe correctement a refusé de sortir du van en reculant.Elle n’avait pas l’air d’avoir un problème physique,ni l’air stressée,elle était comme enracinée dans le plancher.Je ne trouve pas dans son passé récent d’expérience négative de sortie de van.Donc mystère.Hors de question de la faire tourner et impossible de la faire sortir par devant. Nous avons essayé de la « convaincre » une demi heure.Mon mari a dit: il faut la laisser tranquille dans son van et lui demander régulièrement de reculer,quand elle en aura marre elle acceptera.Moi j’ai décidé de faire comme j’avais vu à un stage Pignon: lui donner des petits coups de stick sur les antérieurs et sur le chanfrein jusqu’à ce que pour fuir cet inconfort elle recule.Cela a marché mais c’est désagréable à faire.Qu’auriez vous fait pour éviter cette méthode qui sans être violente est coercitive?
Je n’ai pas de réponse à votre question. Plusieurs causes sont possibles à commencer par le fait qu’elle se trouve bien dans le van et qu’elle dorme et ne souhaite pas être réveillée. Après, la plupart des chevaux ont plus peur de descendre que de monter et c’est ce qu’il faut travailler en priorité comme je l’explique dans une vidéo réservée aux membres de mes études. Ça ne semble pas être le cas pour la votre.
Nous avons échangé sur YouTube concernant le sans mors. J’ai abordé avec vous un soucis qu’une amie m’a fait remarqué, ma jument est espagnole et de ce fait trottine beaucoup surtout lorsqu’elle se sens distancée(je fais beaucoup d’extérieur ). J’essais alors de l’en empêcher afin qu’elle marche au pas, d’autant qu’elle n’est pas si loin des autres. Mon amie m’a dit qu’elle se moquait de moi et que son instinct est plus fort. Elle me dit alors d’utilisé les flexions droite gauche en alternance, sauf que sans le mors c’est compliqué. Elle a tenté de lui faire faire sans succès en me disant qu’elle ne savait pas le faire. Elle a suivit un stage chez Nathalie d’Orgex qui leur fait faire de grande flexion de sorte que le bout du nez touche presque le pied du cavalier au pas au trop etc… Les connaissez vous et pensez vous que ceci est la bonne méthode. Du coup je me sens une cavalière de mauvais niveau, elle m’à dit « c’est sur que j’ai un meilleur niveau »ce qui m’a peiné sans me vexé malgré tout . Je vous précise que lorsque je la travaille dans mon champs elle fait ce que je lui demande, même si ça l’agace parfois , je l’oblige et fait du mieux que je peux pour l’encourager par la voix et les récompenses. Je lui fait faire beaucoup de cercle en l’obligent à pousser afin de venir d’elle même sur les rênes, mais depuis hier avec ce qu’il c’est passé, je suis redescendue de mon enthousiasme. Faut il ne rien passé à sa monture, par exemple à la monte , elle bouge un peu dès lors que je suis en selle. Si elle s’impatiente faut il que je l’oblige à patienter etc… Elle n’est pas non plus dans l’excès mais je sens bien son agacement car elle tente de se déplacer de côté , et que souvent elle le fait pour me faire plaisir, je vous ai exposé mon problème. Je ne sais pas où vous trouvez, sûrement trop loin, mais je me rendrait bien chez vous avec elle pour vote oeil d’expert et au top avec elle !
Pour quelle raison votre jument trottine ? parce qu’elle s’énerve ? parce qu’elle n’arrive pas à suivre les autres ? Il faut travailler sur les causes et non sur les conséquences. Je ne vois pas en quoi votre jument se moque de vous en trottinant. Les flexions ne sont d’aucune utilité pour cela. Le travail de deux pistes pourrait être intéressant mais demande beaucoup de doigté ce qui n’est pas évident.
Si c’est de l’énervement caressez la quand elle le fait. Si c’est qu’elle n’arrive pas à suivre, laissez la rattraper les autres au trot.
Si elle s’impatiente au montoir, redescendez et recommencez aussi souvent que nécessaire. Elle ne doit pas assimiler le fait de monter au fait de partir.
Un après midi je suis sortie en extérieur dans les bois,ma jument était tranquille sauf qu’à un moment elle s’agite, je comprends que quelque chose lui fait peur ,mais je ne vois rien ,j’insiste pour la faire avancer mais rien.J’arrête et je tends l’oreille effectivement on entend du bruit au lointain,les ouvriers de la commune nettoient les alentours en coupant les branchages.J’essaie de la tranquillisait par la voix et les caresses et veux la renvoyer vers le bruit,mais non elle ne veut pas et fait demi tour,Je l’arrête et descend pour se remettre dans le sens du bruit ,elle suit mais arrivée à un certain point,elle se bloque de nouveau et rien à faire pour avancer,alors comme je n’avais que les rênes ,je n’ai plus insister ,Nous avons demi tour et emprunter un autre chemin,je suis remontée dès que j’ai trouvé un montoir de fortune. Mais je me demande si j’ai fait le bon choix de pas insister plus.
Pat Parelli dit « ça ne prend jamais plus de trois jours ». Le demi-tour, il ne faut pas l’accepter sauf pour mieux revenir mais c’est souvent compliqué. Le cheval doit faire face au danger. Par contre, il ne faut pas le pousser avant qu’il ait « réfléchi » au problème. C’est souvent l’erreur que nous faisons. Ensuite, il faut récompenser toute tentative de faire un pas en avant. Récompenser, ça veut dire attendre au moins 13 secondes avant de redemander. Ça aussi personne ne le fait. PS : pour faire avancer un cheval à pied, il n’y a besoin de rien d’autre que notre main (Le Générateur de Mouvement en Avant).
Bonjour, je peux vous raconter plein d’histoires d’échec qui ont entrainés la panique à remonter à cheval. Parce qu’il faut montrer qu’on est plus fort et le cheval n’aura pas le dernier mot. C’est dommage car à cause de cette façon de penser nous ratons la possibilité d’avoir une relation sympathique avec nos chevaux. Maintenant je prends mon temps, je vais doucement, je monte, je redescends, je fais de petits pas car j’aime les chevaux mais l’équitation m’a laissé un gout amer.
Oui. C’est exactement ça.
salut Laurent, et bien j’ai une anglo-arabe de 9 ans, qui a vécu de mauvaises expériences en saut d’obstacles à la maison (jamais sortie en concours), peut être même mal traitée et mal débourrée, et bien elle a vraiment peur des obstacles, au point de refuser de passer une barre au sol.
je fais du travail à pied puis monté en commençant par passer une barre au sol mais elle est toujours hésitante; quant aux barres au sol sur une ligne pour les passer au trot, elle précipite le trot pour passer le plus vite possible et s’en débarrasser.
Oui. Il faut beaucoup de temps pour faire passer une expérience négative. Les chevaux ont beaucoup de mémoire.
Bonjour Laurent,
J’ai envie de vous faire part d’une séance avec mon mulet de trait dans laquelle j’ai fait une erreur en voulant aller trop vite. Dans son apprentissage de la traction agricole, il en est à accepter son collier et son harnais (croupière), les traits et chaînes attachés à un anneau sur sa croupe au repos, puis traînant derrière lui, et enfin un palonnier (simple morceau de bois léger pour le moment, au cas où il percute ses postérieurs). Pour lui présenter tous ces équipements, j’ai fait spontanément avant de vous avoir lu un semblant d’approche-retrait : lui montrer (un par un, au fil du temps et en plusieurs séances étalées sur des mois) chaque élément, l’inviter à venir flairer, puis lever l’objet au-dessus de lui, puis le toucher avec, en retirant ensuite à chaque fois en disant « j’enlève », pour un jour arriver à lui passer chaque élément. Je les ai même laissés dans son pallox de foin la nuit pour qu’il s’habitue à leur présence, comme ça se faisait avant avec les colliers sur les murs de l’écurie.
Actuellement, j’en suis à passer à la traction proprement dite, avec un pneu de voiture, et j’ai sans doute fait l’erreur de ne pas le lui présenter assez longtemps, pensant que comme cet objet ne le touche pas directement c’était moins important. Comme j’ai voulu laver le pneu en station avant de le mettre dans mon champ, il n’est arrivé dans le pré que 2 jours avant mon cours. Pour le cours je lui ai présenté en quelques minutes, ça avait l’air d’aller. J’ai fixé une chaîne à vache dessus pour l’attacher au palonnier, et j’ai demandé au mulet d’avancer doucement. J’aurais sûrement dû arrêter dès les 3 premiers pas obtenus, féliciter et détacher le pneu. Mais bêtement j’ai voulu continuer. Il a pris peur, surtout que la chaîne faisant un bruit encore inconnu, et est parti au grand trot, contournant un gros tas de branches où le pneu s’est coincé. Comme les sangles que j’avais mises étaient très légères, elles ont cassé et il a été libéré.
Il avait l’ait très stressé, en plus il a marché sur sa longe avec un postérieur et s’est pris un bon choc dans la nuque. Le lendemain, il avait un peu de coliques de fermentation, ce qu’il fait souvent après une peur.
Bref, j’ai bien regretté de ne pas avoir décomposé plus et de ne pas avoir fait le retrait plus vite. J’ai peur de l’avoir traumatisé par cette expérience qu’il n’oubliera pas, or la traction va constituer l’essentiel de son travail. Mauvaise entrée en matière…
J’ai peur aussi qu’il associe « si je me sauve en courant, je me libère de tout cet attirail », et qu’il recommence. En même temps, il a quand même l’inertie et le caractère posé des mules, il est curieux et semble demandeur des séances de travail, je vais donc recommencer plus progressivement, en travaillant bien mon état intérieur avant. Et culpabiliser ne me servirait à rien…
Si cette expérience vous inspire des réflexions, elles seront bienvenues !
Merci pour ce long témoignage. Votre mule est très sensible. Du coup, je ne pense pas que ce soit une trop mauvaise expérience si elle ne s’est pas fait mal.
Il suffira juste de reprendre tranquillement et surtout de répéter souvent.
C’est la répétition qui amène la banalisation.
Merci Laurent, oui il est très sensible, heureusement il ne s’est pas fait mal, et je crois qu’à présent nous sommes prêts tous les deux à reprendre notre apprentissage dès que le temps sera un peu plus sec!
J’aime bien votre expression « la répétition amène la banalisation », effectivement que ce soit pour le contact avec des objets ou des bruits, ou même pour administrer des remèdes, avec lui la première fois est toujours un peu compliquée, puis une fois la routine acquise on ne se pose plus de questions.
Mille merci et bonne fin d’année