Les chevaux sont-ils des mécaniques ?
Alors, pourquoi je vous pose cette question ?
Tout simplement parce que je suis en train de finir de lire le livre très intéressant de Michel Henriquet, « l’oeuvre des écuyers Français ».
C’est un livre qui est assez original parce que Michel Henriquet a fait beaucoup de recherches sur les écuyers, c’était sa passion.
Donc on y trouve des choses assez intéressantes.
Alors mis à part Xénophon, qui était vraiment un extraterrestre, on ne peut pas dire autre chose.
Xénophon était au-dessus. C’était un philosophe grec et il planait au-dessus. Il avait tout compris à l’équitation et aux chevaux. Je ne sais pas si aujourd’hui on a découvert des choses supérieures à ce que Xénophon nous disait dans ses livres.
Donc vraiment, Xénophon, c’est la base de l’équitation qui a été oubliée pendant des siècles et des siècles.
Parce qu’ensuite et encore aujourd’hui, on a considéré le cheval comme une mécanique.
Alors est-ce-qu’on a tort ou est-ce-qu’on a raison ?
Et bien, je vais vous surprendre, mais je vais vous dire que je pense que c’est la réalité.
On peut considérer le cheval comme une mécanique.
Pourquoi ?
Parce que tous les grands maîtres l’ont considéré comme tel.
Et en plus, aujourd’hui encore, la compétition ou même les gens qui ont des résultats considèrent les chevaux comme des mécaniques et ça fonctionne !
Donc si ça fonctionne, c’est qu’ils ont raison.
Alors une fois qu’on a dit ça, on est face à une contradiction parce que, moi je n’aime pas beaucoup tout ce qui est mécanique, en réalité.
Mais qu’est-ce qu’il y a derrière mécanique ? La mécanique c’est quoi ?
La mécanique, c’est faire le bon geste au bon moment. C’est en fait le tact équestre.
Faire la bonne action, au bon moment.
Je vais vous raconter une histoire :
J’avais une jument de saut d’obstacles qui était très compliquée.
Un jour, en stage, mon entraîneur était vraiment dépité parce qu’on n’arrivait à rien faire de cette jument là sur le plat, on ne la contrôlait pas.
Donc comme il y avait une entraîneuse de dressage qui était là, mon entraîneur m’a dit ; « va travailler avec elle parce que moi j’en ai marre, je n’arrive à rien. »
Et donc, je suis allé travailler avec elle, on s’est mis dans le manège et on a travaillé en cercles au galop et l’entraîneuse me disait ce qu’il fallait que je fasse et moi j’avais juste à exécuter sans réfléchir.
« Tends ta rêne gauche, lâches ta rêne droite, penches-toi à gauche, penches-toi à droite, mets ta jambe gauche, recule ta jambe droite, avance ta main, recule ta main ». Bref, vous voyez le genre !
Et la jument s’est comportée magnifiquement, elle est restée sous contrôle, elle était très bien.
Mais qu’est-ce-que j’en ai retiré en fait ?
Personnellement, je n’en ai rien retiré du tout parce que je suis incapable de le refaire.
Je ne savais pas faire. J’étais juste l’exécutant des ordres qu’elle me donnait. Et peut-être même qu’elle, si elle était montée sur ma jument n’aurait pas eu ces résultats.
Mais comme elle était à pied, qu’elle voyait exactement comment la jument se comportait, elle voyait très bien ce qu’il fallait faire.
Et ça m’a déprimé parce que je me suis dit à ce moment là : si c’est ça l’équitation, et bien ça ne m’intéresse pas !
Parce que, je ne vois pas pourquoi il faut mettre la main à un moment, il faut la relâcher à un autre moment. Ça ne me parle pas et je n’y arriverai jamais.
Et alors, vous connaissez ma passion pour Etienne Beudant. Justement Beudant, c’est le premier, à mon sens, qui a pensé : tout ça ne me convient pas. Je ne sais pas à quel moment il faut que je mette mes mains, à quel moment il faut que je mette mes jambes et je m’en moque en fait, mon équitation est différente !
Et c’est exactement ce que j’apprécie chez Beudant.
C’est qu’il ne s’occupe pas de savoir s’il est dans le bon timing, dans le bon tempo. Il s’en moque.
Il demande à ses chevaux qu’il a laissé dans une certaine liberté, dans une indépendance d’esprit et qu’il a seulement motivés à exécuter les ordres qu’il leur donne.
Et les chevaux le font avec beaucoup de cœur, avec beaucoup de volonté, et il n’a pas besoin d’avoir un timing hyper précis.
Mais l’équitation mécanique, c’est une équitation qui marche. C’est une équitation que l’on voit encore partout aujourd’hui.
Je vous parlais la dernière fois du stage en Belgique avec Carl Hester et effectivement, on voit des chevaux hyper mécanisés et ça donne des résultats. On ne peut pas le nier.
Faire des mathématiques à cheval, ça me gave, j’ai autre chose à faire. D’autant plus que j’avais un métier dans la comptabilité. J’étais dans les chiffres et les équations et je voulais que l’équitation me détende et me change les idées.
Quand j’allais monter à cheval je n’avais surtout pas envie de faire des maths. Et faire cette équitation-là, une équitation je dirai purement mathématique, franchement, ça ne m’intéresse pas.
Je préfère emprunter une autre voie ; une voie où on est plus dans la recherche du sentiment puisque avec les chevaux on a cette possibilité.
On peut les commander de façon mécanique mais on peut les commander par les sentiments, et c’est cette deuxième voie, qui m’attire beaucoup plus.
Si vous êtes comme moi, vous avez Le Générateur de Connexion dans lequel je repousse les limites de cette équitation par les sentiments.
Même si, ça n’empêche pas d’étudier leur physique parce que ;
Les cavaliers considèrent les chevaux comme des mécaniques, mais ils n’en prennent absolument pas soin de leur mécanique.
Par exemple, 80 % des chevaux ont des ulcères à l’estomac.
Ce n’est quand même pas normal, si on veut entretenir sa mécanique.
C’est comme si vous avez une voiture et que vous ne faites jamais la vidange !
80% des chevaux qui ont des ulcères à l’estomac, c’est inacceptable !
80% des chevaux ont le dos carbonisé. 80% des chevaux ont des pathologies aux premières cervicales, à la bouche, etc.
Mais voilà, c’est comme ça, c’est le paradoxe de l’équitation actuelle.