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La position des jambes à cheval

 

« Ce cavalier a un problème, il n’est pas au-dessus de ses pieds« 

 

Voilà la remarque qui m’a été faite sur Facebook. Une remarque très intéressante sur laquelle je vais revenir aujourd’hui dans cette vidéo.

Cette expression, être au-dessus de ses pieds, je ne la connaissais pas vraiment. Je la trouve intéressante parce qu’effectivement c’est assez séduisant de dire qu’à cheval on doit être droit, au-dessus de ses pieds.

 

C’est-à-dire que le talon doit être dans l’alignement de la hanche et de l’épaule.

 

Mais ça, c’est un peu un luxe. Je n’ai bien sûr rien contre les gens qui sont dans cette position-là. Ça m’arrive moi-même d’y être. Mais pas tout le temps et je vais expliquer pourquoi.

 

La première chose, c’est que quand je me mets en arrière, je suis encore au-dessus de mes pieds parce que sinon je tomberais.

 

La deuxième chose, c’est que quand j’ai un cheval que je n’ai jamais monté comme c’était le cas sur la vidéo en question, un cheval qui avance très fort, j’ai tendance à me redresser pour lui faire comprendre que je veux qu’il ralentisse.

 

Pour me redresser, je recule mes épaules, et forcément, si je recule aussi mes jambes, je vais être dans une attitude pliée en deux.

 

Alors que si ma jambe reste à sa place et que je recule mes épaules, je vais avoir la jambe en avant.

 

Le deuxième point, c’est la sécurité. C’est-à-dire que :

 

quand vous avez un doute sur un cheval, que c’est la première fois que vous le montez ou qu’il est un peu chaud, mettez vos jambes en avant pour rester au contrôle.

 

C’est vraiment sécurisant.

 

Dans ce cas, vous n’êtes pas en train de faire du modèle et allures, vous cherchez à être en sécurité. Et pour la sécurité, la jambe en avant c’est la meilleure solution.

 

Vous êtes en appui sur vos jambes si vous avez besoin de prendre vos rênes pour ralentir votre cheval.

 

N’hésitez pas à avancer vos jambes comme le préconisait Jean d’Orgeix et tant pis pour ceux qui diront que ce n’est pas beau à voir et que vous n’êtes pas souple. La sécurité d’abord.

 

Jean d’Orgeix montre d’ailleurs dans un de ses DVD comment la jambe en arrière fait tomber les cavaliers à l’obstacle et pourquoi tous les grands cavaliers de CSO ont la jambe vers l’avant.

 

Ensuite, il y a un troisième point. C’est que :

 

quand vous avancez la jambe, elle n’est plus au contact des flancs et donc ne demande pas le mouvement en avant.

 

Si sur ce pur-sang qui voulait vraiment avancer, j’avais mis ma jambe en arrière, il aurait été encouragé à avancer encore plus.

 

On m’a dit également que je m’asseyais lourdement sur le cheval puisque j’avais la jambe en avant.

 

C’est vrai que c’est un risque. Sur la vidéo en question, on ne voit pas du tout le cheval craindre du dos. J’arrive à avoir la jambe en avant et à m’asseoir souplement. Mais c’est vrai que si j’ai la jambe à l’aplomb de la hanche, c’est plus facile de m’asseoir souplement que si j’ai la jambe un peu en avant.

 

Ensuite, on m’a dit que le cheval n’engageait pas les postérieurs. ça c’est vrai parce que :

quand vous avancez la jambe, votre cheval engage moins les postérieurs que quand vous reculez la jambe.

 

Je l’ai expliqué dans une vidéo. En reculant les jambes, vous demandez à votre cheval d’engager ses postérieurs.

 

Mais là mon but n’était pas de lui faire engager les postérieurs. C’était de le calmer. D’avoir un cheval cool, qui se cadence et qui ralentisse. Mon cheval allait beaucoup trop vite, donc en mettant la jambe en arrière j’allais le faire encore plus accélérer.

 

Il fallait que j’aie la jambe plus en avant pour ne pas donner d’ordres contradictoires.

 

Je mets la main pour qu’il ralentisse mais je ne mets pas la jambe pour qu’il accélère. C’est le principe « Mains sans jambes, jambes sans mains » de Baucher.

 

Alors ensuite, quand vous regardez tous les grands maîtres au cours des siècles, ils ont tous la jambe en avant à certains moments.

 

Je vais vous montrer les photos, vous allez voir, ils ont tous la jambe en avant.

 

La Guérinière, de Nestier, Baucher, Beudant, avaient la jambe en avant.

 

On dit que Nuno Oliveira montait avec la jambe en arrière. Il pouvait mettre sa jambe en arrière, mais il montait aussi avec la jambe en avant.

 

Le colonel Carde avait et a toujours la jambe en avant.

 

James Fillis avait fait de la jambe en avant une méthode.

 

Il avait compris que le frein est dans les épaules du cheval.

 

En mettant la jambe en avant au niveau des sangles, il avait les jambes extrêmement en avant, il arrivait à canaliser son cheval, à lui demander des mouvements, à libérer les épaules et donc à récupérer du mouvement en avant.

 

C’est un point essentiel à comprendre qui n’est jamais expliqué par personne.

 

Donc, vous voyez qu’à partir de cette position de jambes, vous pouvez faire beaucoup de choses.

 

Alors dans l’idéal, effectivement, être en aplomb sur ses pieds c’est toutefois mieux, mais vous pouvez avoir les jambes en arrière quand vous voulez que votre cheval engage et vous pouvez avoir la jambe en avant quand vous voulez ne pas intervenir ou être en sécurité.

 

La jambe en arrière pour engager le cheval, vous pourriez me dire que j’aurais pu faire ça avec le pur-sang.

 

Sauf que c’était un cheval avec trois semaines de travail. Donc je ne voulais pas lui demander de se mettre sur les hanches si tôt.

 

Je voulais surtout qu’il se calme et que la pression redescende, ce que j’ai obtenu en quelques minutes.

 

Mon objectif n’était pas de le mettre dans le rassembler. Tant que le cheval n’est pas calme, on ne peut pas lui demander de se rassembler.

 

D’ailleurs le lendemain, j’ai pu obtenir avec lui de l’épaule en dedans et des appuyers au pas dès les premières demandes, ce qui montre certaines dispositions de ce cheval pour le dressage.

 

Je l’ai beaucoup aimé car j’apprécie les chevaux comme celui-ci qui poussent avec un gros moteur.

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Je suis Laurent Fumet auteur du livre « 41 mensonges équestres qui vous empêchent de progresser« . J’accompagne les cavaliers à mieux comprendre et respecter leurs chevaux avec la méthode des 3P (Physique, Psychique, Pratique).

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