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Quelles aides utiliser dans les déplacements latéraux ?

 

Cette question m’a été posée je crois sur Facebook, par une personne qui voulait savoir quelles aides je mettais pour obtenir les déplacements latéraux.

 

C’est une question intéressante, parce que ça me permet de revenir sur la notion de l’apprentissage.

 

Dans l’apprentissage, il y a quatre phases :

 

La première phase, c’est quand on est inconsciemment incompétent.

 

Alors, ça veut dire quoi inconsciemment incompétent ?

 

Ça veut dire que l’on ne sait pas que l’on ne sait pas.

 

Tous les jours dans mes formations et mes recherches sur internet, j’apprends des choses dont j’ignorais totalement l’existence.

 

J’étais donc inconsciemment incompétent ; je ne savais pas que je ne savais pas.

 

C’est la première phase.

 

Dans la deuxième phase, on est consciemment incompétent.

 

Consciemment incompétent, ça veut dire que l’on sait que l’on ne sait pas.

 

C’est la phase où on pose la question : mais quelles aides je dois mettre dans les déplacements latéraux ?

 

Ça veut dire qu’on a conscience que ça existe mais on ne sait pas comment on peut l’obtenir.

 

Ensuite la troisième phase, c’est la phase où on est consciemment compétent.

 

C’est à dire que vous avez acquis les compétences. Vous savez comment faire et vous arrivez à le faire lorsque vous y réfléchissez et vous vous concentrez.

 

La quatrième phase c’est quand ces compétences passent dans le subconscient.

 

C’est-à-dire qu’on est inconsciemment compétent.

 

Voilà pourquoi c’est très difficile d’enseigner et que les enseignants ont parfois beaucoup de mal à le faire ;

 

C’est qu’une fois que c’est passé dans votre subconscient, vous ne savez plus comment vous le faites.

 

Au moment où je mets mes aides pour obtenir les déplacements latéraux, je le fais inconsciemment. Donc je ne sais pas quelles aides j’ai utilisées sur le moment.

 

C’est pour ça que je vais essayer de vous montrer ça à pied et pas à cheval.

 

Alors si ça n’est pas bien à pied, je le ferai à cheval mais on peut apprendre l’équitation à pied.

 

C’est la théorie que défend notamment Sally Swift dans son livre, Nouvelle équitation centrée, que je vous conseille vivement de lire même si c’est un très gros livre.

Le problème c’est que je crois qu’il est épuisé, qu’il est difficile à trouver.

 

C’est dommage parce que ce livre devrait être réédité car il y a des exercices que l’on fait à pied, et c’est vraiment le livre le plus complet, je trouve, sur les exercices à pied sans cheval.

 

Ça permet de comprendre le fonctionnement des chevaux, et de comprendre comment on peut les influencer.

 

On les fait parfois tout seul ou parfois avec une autre personne.

 

Alors je vais me reculer un peu de la caméra pour que vous voyez bien mes gestes, et on va parler des aides pour les déplacements latéraux.

 

Voilà, je pense que je suis assez loin, donc on a beaucoup d’aides que l’on peut utiliser pour les déplacements latéraux.

 

La première aide c’est le regard.

 

Si vous voulez partir en épaule en dedans vers la gauche à main droite, vous allez commencer par tourner votre regard vers la droite.

 

En tournant votre regard vous allez tourner vos épaules, et vous allez avancer légèrement votre cuisse gauche et reculer légèrement votre cuisse droite.

 

Ainsi, vous allez être dans l’attitude de l’épaule en dedans vers la gauche.

 

Je vous rappelle que pour l’épaule en dedans, le cheval ne regarde pas où il va, contrairement à l’appuyer où le cheval regarde où il va.

 

C’est la différence. Après, on peut faire des contre-épaules en dedans, des têtes aux murs, des croupes aux murs, etc., tout ça c’est un vocabulaire spécial, mais l’idée c’est que vous êtes dans le pli.

 

Il n’y a que deux plis en fait.

 

Il y  a le pli de l’épaule en dedans quand le cheval ne regarde pas où il va et il y a le pli de l’appuyer quand le cheval regarde où il va.

 

Si on part sur l’idée de l’épaule en dedans, en mettant votre regard du côté droit, votre cheval va tourner la tête.

 

Instinctivement vous allez tourner vos épaules donc vous allez tourner vos mains, votre main droite va demander un pli et votre main gauche va contrôler.

 

La main droite donne le pli de l’encolure, la main gauche contrôle et si votre cheval avance, comme vous voulez aller de côté vous fermez un peu vos doigts pour qu’il aille de côté.

 

Ça, c’est pour les chevaux qui savent faire, ce n’est pas pour leur apprendre. Je parle ici des aides que j’utilise sur des chevaux qui savent le faire.

 

Ensuite la jambe, j’en ai déjà parlé. Quand vous tournez le regard, vous reculez un peu votre jambe droite, automatiquement, et c’est votre jambe droite par son appui qui va chasser les hanches, pour que le cheval parte avec les hanches de travers.

 

Je sais qu’il y a des gens qui font l’épaule en dedans avec les hanches droites mais je trouve ça complètement inutile.

 

De plus, le croisement des hanches empêche le cheval de creuser son dos ce qui est essentiel pour son physique.

 

J’aime bien que les hanches croisent de manière à ce que le postérieur interne passe sous la masse et donc je le demande avec ma jambe droite.

 

Comment ça s’obtient ?

 

Il faut que quand j’appuie ma jambe droite contre les flancs de mon cheval en arrière, mon cheval parte à gauche parce que je lui ai appris à pied.

 

C’est ce que j’explique dans mes vidéos avec Kéline ma jument de trait, qu’en mettant le doigt sur le flanc, mon cheval doit se déplacer, doit céder à la pression.

 

En fait, tant que les chevaux ne cèdent pas à la pression on ne peut pas leur demander les déplacements latéraux.

 

Donc, je mets ma jambe et ma jument cède à la pression, et va partir de côté et après je n’ai plus rien à faire.

 

Il manque ainsi une seule aide, qui n’est pas vraiment une aide mais qui peut être un handicap, c’est le poids du corps.

 

Le poids du corps doit être de préférence à l’extérieur du pli.

 

Pourquoi ?

 

Parce que quand vous pliez votre cheval, les vertèbres du côté du pli se pincent, et si vous rajoutez le poids sur les vertèbres qui se pincent, vous allez faire mal à votre cheval. Vous allez lui provoquer des douleurs et votre cheval va peut-être fuir vers la gauche, mais il va fuir parce qu’il aura mal.

 

Il ne va pas fuir pour vous faire plaisir, pour faire l’exercice. Ce n’est pas du tout ce que l’on recherche.

 

On recherche une équitation respectueuse du physique du cheval, et pour ça, il est préférable d’avoir le poids à l’extérieur, parce que le cheval supportera mieux le poids à l’extérieur du pli, que ce soit en appuyer, en épaule en dedans, ou en cercle. Dans tous les exercices avec un pli, le poids est mieux à l’extérieur.

 

Mais, il y a un mais, c’est que le cheval n’est pas régulier, il n’est pas arrêté, il se déplace.

 

Quand il se déplace, ses hanches bougent de cette façon, chaque fois qu’il lève un postérieur la hanche va descendre et votre poids va partir.

 

Par exemple quand il va lever le postérieur droit, votre hanche droite va descendre, et donc votre poids va se retrouver à droite.

 

Et donc là vous pouvez en profiter pour mettre votre jambe droite.

 

C’est à ce moment là, quand le postérieur et en l’air que vous pouvez faire déplacer le postérieur droit.

 

Ce n’est pas du tout dans l’autre sens, si vous vous dites, j’ai mis mon poids à l’extérieur, je suis bien, et je vais mettre ma jambe droite.

 

Non, quand vous avez votre poids à l’extérieur et que vous êtes bien en appui sur le côté gauche, c’est parce que votre cheval lève le postérieur gauche et donc descend sa hanche gauche, et donc à ce moment-là, il a la hanche droite au sol.

 

C’est contre-intuitif parce qu’on pense que c’est le contraire, moi, pendant des années, j’ai pensé que c’était le contraire.

 

Mais ça n’est pas du tout ça.

 

Alors pour moi le poids du corps peut être une aide de complément, mais il ne faut pas exagérer, c’est-à-dire que si vous poussez avec le bassin, vous allez envoyer la selle sur les épaules et là aussi c’est très douloureux pour les chevaux.

 

Pour l’appuyer, c’est exactement la même chose sauf que le cheval regarde où il va, donc si on veut faire un appuyer à gauche, on va faire regarder le cheval à gauche en lui tournant légèrement l’encolure à gauche, en tournant notre regard légèrement à gauche, ça tourne nos épaules, ça tourne nos mains.

 

Avec la rêne intérieure, on va lui ramener la tête vers la gauche pour qu’il regarde du côté où il va.

 

La rêne extérieure contrôle, et là on va mettre le poids, bien sûr, à l’extérieur encore une fois, et on va écarter la jambe intérieure, la jambe gauche pour aller à gauche.

 

Parce que si on veut que le cheval aille à gauche, il ne faut pas bloquer la jambe gauche pour le retenir.

 

Il faut le laisser y aller.

 

Et qu’est-ce-qu’on va faire ?

 

On va contrôler avec l’autre jambe. C’est-à-dire, si c’est les hanches qui partent plus vite que les épaules, on va mettre la jambe en avant et on va pousser les épaules avec la jambe, et comme notre cheval cède à la pression, en poussant les épaules avec la jambe droite, on va amener le cheval à gauche.

 

Si ce sont les épaules qui partent en premier, le cheval tourne et les hanches ne suivent pas, le poids va se retrouver à droite lorsque le cheval va lever le postérieur droit, on va mettre la jambe droite pour faire amener le postérieur, les hanches à l’intérieur.

 

En fait, c’est la même chose que l’épaule en dedans, c’est-à-dire que dans l’épaule en dedans, je vous rappelle, quand vous avez votre poids qui tombe à l’intérieur, vous pouvez mettre votre jambe droite pour aller à gauche.

 

Et dans l’appuyer, même chose, quand votre poids est à l’extérieur vous pouvez mettre votre jambe droite, et quand votre poids est à gauche vous ne mettez pas votre jambe gauche.

 

Normalement il ne faut pas utiliser beaucoup les mains, c’est juste pour contrôler la position, contrôler le pli du cheval.

 

Dans l’appuyer, en plus on avance. Donc ce n’est pas comme dans l’épaule en dedans où on va de côté.

 

C’est presque plus facile même si l’appuyer n’est généralement pas naturel pour les chevaux, il faut le leur apprendre.

 

Dans l’appuyer, vous laissez le cheval avancer et vous mettez le pli. Les mains s’occupent juste de mettre le pli et la jambe gauche s’écarte. La jambe droite contrôle et soit elle pousse les épaules, soit elle pousse les hanches en fonction des besoins.

 

Et elle le fait quand votre poids est à l’extérieur, quand votre poids est à l’intérieur vous n’agissez pas.

 

Quand votre poids est à l’extérieur, vous pouvez agir avec votre jambe extérieure.

 

Dans l’épaule en dedans, c’est différent, parce que vous devez empêcher le cheval de partir sur un cercle, parce que vous voulez qu’il parte de côté, qu’il dérape par rapport à son cercle.

 

Il faut que les mains, en plus de donner la direction, empêchent le cheval d’avancer et l’envoient légèrement sur le côté.

 

Donc les doigts un peu plus fermés que dans l’appuyer pour que le cheval dérape sur le côté. Le but c’est de le faire déraper.

 

Voilà ce que je peux dire sur les aides, on pourrait dire encore beaucoup de choses mais j’essaye de simplifier, de faire des choses simples pour bien me faire comprendre.

 

Et si vous voulez voir comment je fais en selle, vous avez la vidéo sur l’appuyer que j’ai faite récemment avec ma jument que vous pouvez regarder :

Comment apprendre l’appuyer une méthode simple

Je suis Laurent Fumet auteur du livre « 41 mensonges équestres qui vous empêchent de progresser« . J’accompagne les cavaliers à mieux comprendre et respecter leurs chevaux avec la méthode des 3P (Physique, Psychique, Pratique).

 

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