Cheval en équilibre ou sur les épaules ?
Une personne m’a dit : « l’extension d’encolure met le cheval sur les épaules ».
« Le cheval sur les épaules », c’est une expression que tout le monde emploie mais que je n’aime pas beaucoup et je vais vous expliquer pourquoi.
Pendant très longtemps, j’ai été influencé par Jean d’Orgeix qui disait qu’un cheval doit, pour sauter, être en équilibre sur les hanches, de manière à pouvoir sauter vers le haut. Ça paraissait logique.
J’étais donc persuadé que le mal absolu, c’était de sauter avec un cheval qui était sur les épaules et qu’il fallait absolument avoir un cheval sur les hanches.
Le problème de ça, c’est que ça présente deux inconvénients ;
- Le premier inconvénient, c’est quand votre cheval est vraiment sur les hanches, ce qui en pratique est très compliqué à réaliser, il n’avance plus.
C’est comme un canon qui tirerait trop vers le haut. Le boulet retomberait pratiquement sur le canon.
C’est le premier inconvénient et d’ailleurs d’Orgeix l’avait très bien compris, puisque quand il était en compétition, il prenait énormément d’élan et c’est seulement dans les dernières foulées qu’il demandait à son cheval de revenir sur les hanches pour sauter.
Ainsi, il avait l’impulsion et la direction vers le haut.
Ce n’était pas le fait de rester tout le temps sur les hanches, parce que ça, ce n’est pas du tout naturel.
Un cheval n’est pas naturellement sur les hanches.
Il est naturellement sur les épaules pour pouvoir brouter facilement sans se fatiguer.
Il a sa colonne vertébrale orientée vers le bas. C’est son attitude normale.
De ce fait, il est naturellement sur les épaules.
Le mettre sur les hanches consiste à remonter la colonne vertébrale.
- Le deuxième point pour lequel ce n’était vraiment pas bon d’avoir le cheval sur les hanches, c’est que quand vous avez votre cheval sur les hanches, il ne marque plus ses foulées et donc vous ne les voyez plus.
Et c’est pour ça que d’Orgeix passait énormément de temps à travailler la visualisation des foulées. Parce qu’avec un cheval sur les hanches, on ne voit plus ses foulées.
Pour qu’on voie bien les foulées d’un cheval, il faut qu’il les marque.
Il faut que les foulées soient cadencées.
Et pour les marquer, il faut qu’il utilise ses épaules.
C’est comme ça que les chevaux sont vraiment en équilibre parce qu’ils ont une cadence, un arrondissement sur chaque foulée.
J’ai compris ça plus tard, en étudiant Michel Robert avec ses sauts de puce par exemple, qui marquent bien chaque foulée et qui permettent au cheval d’avoir une cadence.
Cette frappe nous permet de voir parfaitement nos foulées. Et surtout de prendre n’importe quelle battue de départ, qu’on soit loin ou qu’on soit près.
A partir du moment où le cheval marque bien ses foulées, vous pouvez partir près et le cheval va bondir, vous pouvez partir loin et le cheval va couvrir la largeur.
C’est vraiment quelque chose d’essentiel que vous n’avez pas quand le cheval est sur les hanches.
Quand le cheval est sur les hanches, il ne marque pas ses foulées. Les antérieurs sont comme dans le vide.
Pour revenir à l’extension d’encolure, c’est un exercice comme le fait de mettre le cheval complètement sur les hanches.
Ce n’est pas quelque chose qui doit être maintenu en permanence. C’est quelque chose que l’on fait pendant 30 secondes et puis on passe à un autre exercice.
Mais ça permet de faire toute la gamme, du plus étendu au plus engagé.
Et donc c’est un exercice qui est très bon. Il ne faut pas avoir peur de mettre son cheval sur les épaules pour une raison simple ;
quand on regarde les grands cavaliers de saut d’obstacles sur les barrages de Grand Prix, ils arrivent à fond complètement à plat et les chevaux sautent un mètre soixante au carré à plat, donc complètement sur les épaules. Ça ne les empêche pas de sauter sans faute.
Parce que dans les barrages, ils n’ont pas le temps de reprendre. C’est du temps perdu. Il faut avancer.
Et comment ils arrivent à faire ça ?
Parce qu’ils sont en équilibre.
Il y a une différence entre être sur les épaules ou être sur les hanches et être en équilibre.
Le cheval peut très bien être en équilibre tout en étant sur les épaules.
C’est quoi l’équilibre ?
C’est le fait de ne pas tomber.
Un cheval qui s’appuie, par exemple, n’est pas en équilibre. Il a besoin de s’appuyer pour se tenir.
Mais un cheval en équilibre, même s’il a le nez par terre, il ne s’appuie pas.
À ce moment-là, on peut utiliser toute la gamme vers le bas ou vers le haut puisque le cheval se tient.
Et les chevaux de saut d’obstacles sur les barrages, ils se tiennent. Ils n’ont pas besoin de la main du cavalier pour les tenir.
Les cavaliers peuvent avancer complètement à plat puisqu’ils savent que leur cheval va bondir devant l’obstacle parce qu’il se tient.
Le cheval peut être à la fois sur les épaules et en équilibre.
Je ne dis pas qu’il faut chercher à avoir votre cheval sur les épaules, mais il ne faut pas forcément aller contre sa nature de vouloir remonter à tout prix sa colonne vertébrale qui est naturellement orientée vers le bas.
Un cheval doit se tenir dans toutes les attitudes. Il ne doit pas s’appuyer sur la main puisque finalement ce n’est pas sur ses épaules qu’il s’appuie, c’est sur votre main.
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Excellente analyse des écueils de la méthode d’ORGEIX. Il faut en prendre et en laisser. Si on veut avoir un cheval en permanence sur les hanches on ne peut plus avancer et on multiplie les petites foulées et on ratatine complètement l’allure. C’est souvent visible sur les vidéos de ses stages ou de ceux de ses disciples. En fait l’équilibre pour moi c’est une ondulation permanente entre l’engagement des postérieurs et la frappe des antérieurs, c’est ce qui permet de garder en même temps de l’équilibre et du galop. Entièrement d’accord avec vous.