Quand faut-il éviter de descendre de cheval ?
Je dis toujours qu’il faut descendre souvent. D’abord pour le travail fractionné, ensuite pour la progressivité des demandes.
Mais il y a une personne qui m’a dit : « Oui mais si je descends, j’ai l’impression que mon cheval en profite. »
C’est tout à fait vrai. C’est un point que je n’ai peut-être pas assez mis en avant.
Ce n’est pas votre cheval qui doit vous dire quand vous devez descendre. C’est vous qui devez le déterminer.
Il y a plusieurs cas possibles : Je vais prendre en premier le travail fractionné.
Personnellement, je descends toutes les dix, quinze minutes.
Quand arrivent dix minutes, je descends et je fais une pause. Il m’arrive quelquefois de m’adapter. C’est-à-dire que je vais faire une pause plus tôt si mon cheval a vraiment fait un excellent travail et je vais faire des pauses plus tard si je suis au milieu d’un exercice par exemple. Mais pas tellement plus tard. C’est pour ça que j’aime bien tabler sur dix minutes, parce que j’ai encore quelques minutes supplémentaires si besoin.
Mes chevaux comprennent très vite que le deal est le suivant : ils font un très bon travail et je descends.
Et comme la meilleure récompense c’est de descendre, ils sont très contents.
Mais je le fais uniquement parce qu’ils ont fait un excellent travail. Ils ne me font pas descendre parce qu’ils ont fait un caprice. Ce n’est pas du tout la même chose.
Imaginons maintenant que vous soyez sur un chemin en extérieur et qu’un gros tracteur arrive avec une remorque. Vous vous dites « oh là là, ça ne va jamais le faire« .
À ce moment-là, descendez. Vous serez plus en sécurité. Vous pourrez mettre votre cheval sur le côté. Vous pourrez le caresser pour le rassurer. Ça ne sert à rien de prendre des risques dans un cas comme ça.
Alors, dans quel cas il ne faut surtout pas descendre ?
Quand c’est le cheval qui veut vous l’imposer.
Par exemple, il veut faire demi-tour ou il ne veut pas avancer. Il ne veut pas sortir en extérieur. Si à ce moment-là vous descendez, effectivement votre cheval aura gagné. Parce qu’il a fait quelque chose qui ne vous convient pas et vous l’avez récompensé en descendant.
Le fait de descendre, c’est une récompense.
Il faut donc absolument rester dessus. Lui montrer ce qui lui fait peur et lui faire comprendre que tant qu’il ne passera pas, vous ne descendrez pas et que vous serez plus têtu que lui.
Je vois beaucoup de gens qui ne sont pas patients quand un cheval a peur de passer à un endroit. Alors que souvent, il suffit juste de leur montrer. Que le cheval puisse regarder et prendre conscience qu’il n’y a pas de problème.
Par exemple, à côté d’une poubelle ou quelque chose comme ça, le cheval ne veut pas passer. Laissez le regarder et au bout d’un moment, quand il aura bien inspecté la chose, il va passer.
Il ne faut surtout pas descendre. Parce que sinon, vous récompensez le fait que votre cheval ne veuille pas passer.
Par exemple, vous voulez passer sur un pont. A moins que vraiment vous n’y arriviez absolument pas, dans ce cas faites-le passer à pied. Mais si vous pouvez essayer de passer ce pont à cheval, ce sera bien mieux. Mettez le temps qu’il faut. Ne soyez pas pressé. Ça fait partie de l’apprentissage. Il faut absolument prendre son temps.
Donc vous êtes devant un pont. Le cheval ne veut pas passer sur ce pont. Laissez-le regarder et réfléchir le temps qu’il faut. Et ensuite essayez de gagner un pas par un pas.
Il y a d’autres méthodes, comme le faire passer en reculant, mais je préfère que mes chevaux regardent l’endroit où je veux les faire passer. Ils déterminent qu’il n’y a pas de danger et à ce moment-là, ils acceptent d’avancer.
Un cheval qui ne veut pas passer sous un pont parce que ça résonne, c’est pareil, il ne faut pas descendre. Le cheval doit regarder le pont et doit comprendre que sa seule possibilité, c’est de passer de l’autre côté.
Il faut prendre le temps qu’il faut. Et surtout, moins vous allez lui demander de passer et plus vite il passera.
C’est-à-dire que plus vous allez agir pour le faire passer et plus vous allez prendre de retard dans la réalisation de l’exercice et même pire que ça, vous risquez l’accident parce que votre cheval va se fâcher, se braquer, se mettre debout, va reculer éventuellement dans un ravin, dans une clôture… Enfin bon, on voit plein de choses.
Alors que le simple fait d’attendre, de le laisser regarder et qu’une fois qu’on sent qu’il est mieux, qu’il a respiré, qu’il est plus détendu, on peut mettre les jambes et lui demander d’aller vers ce qui lui fait peur, progressivement, un pas à la fois.
Comme le dit un de mes coachs : « on peut manger un éléphant, mais seulement une bouchée à la fois«
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bonjour
ma jument ne veut pas partir en balade seule et surtout pas dépasser le niveau de son pré. dans ce cas, je suis descendue de cheval puis ai marché pendant 15 mn pour l’éloigner du pré et la mettre sur un autre chemin. Après seulement je suis remontée. et j’ai pu rentrer à cheval. Quelle serait la meilleure solution ?
Je précise que je suis patiente j’ai essayé plusieurs fois et je lui laisse le temps mais elle reste bloquée au niveau du pré.
C’est la bonne méthode. Je pars toujours à pied en balade. Maintenant, il vous faut réduire progressivement les 15 minutes jusqu’à pouvoir monter à quelques centaines de mètres.
Bonjour, comment faire quand vous prenez un cheval dont la cavalière est toujours descendu à un endroit ou le cheval à peur de passer? est-ce que si j’insiste (avec patience) vu que c’est la 1ère fois que je le monte, peux lui enlever la peur? (c’est devant une ferme de cochons)
Oui. Il ne faut pas descendre mais il faut prendre votre temps pour ne pas le brusquer. Chaque mètre gagné est une victoire. Il faut surtout qu’il regarde toujours vers ce qui lui fait peur. Par contre vous, vous pouvez regarder à l’opposé si c’est possible. La première fois, ça peut prendre beaucoup de temps.